À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Après un coup fumant, Apolydore Audet et Reine Bourdon, en compagnie du fidèle castrat Ovide Carré, se réfugient sur Tröme, planète perdue et oubliée. Ils y font la rencontre d’humanoïdes naïfs avec lesquels la communication n’est pas aisée. Ils gagnent la confiance de l’amazone qui dirige les éclaireuses quand ils parviennent à faire démarrer une jeep depuis longtemps immobilisée en raison d’une panne d’essence. Après avoir survécu au venin d’un serpent, Poly quitte Tröme avec ses deux complices en route vers d’autres aventures pendant que la meneuse des éclaireuses fomente un putsch contre la vieille chèfe du village.
Commentaires
Même si ce n’est pas la meilleure nouvelle de Michel Bélil (« Rosemonde » qui met en scène les enfants et petits-enfants de Reine et Poly reste une pièce d’anthologie), ce récit a un charme indéniable, typique de l’univers de l’auteur : les demi-teintes, la douce ironie, l’utilisation de l’imparfait et du passé composé (aucun passé simple), la présence d’un narrateur ignorant bavard créent une atmosphère de distanciation narrative caractéristique des contes voltairiens.
Il s’agit d’un remake, façon Bélil, des récits mettant aux prises Blancs et Amérindiens : des mots comme hutte, totem, chèfe, sorcière… suffisent à nous le faire voir. On reconnaît une thématique chère à Bélil : l’exploration du patrimoine culturel québécois dans un univers tenant à la fois de la science-fiction et du fantastique. Quant à ce monde de femmes, aux visages mâles si pâles, il laisse songeur le lecteur québécois que je suis. À signaler quelques trouvailles lexicales délicieuses dont le verbe gupgupper n’est pas le moindre. Méfiez-vous de la douceur de Bélil : elle est décapante. [VG]
- Source : L'ASFFQ 1987, Le Passeur, p. 25.