À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
La narratrice a un amant qui s’appelle Pierre. Souvent, elle le hait. Souvent aussi, elle l’aime et se donne à lui passionnément car c’est un amant doué. Elle fait des rêves, des cauchemars. Pierre la rassure, se moque d’elle. Elle décide de ne plus lui faire part de ses expériences oniriques d’autant plus que ses rêves lui laissent des marques physiques sur le corps. Elle appelle ce phénomène étrange « l’écriture de la nuit », écriture que son amant, dont l’identité reste mystérieuse, est incapable de déchiffrer.
Autres parutions
Commentaires
Curieuse et difficile nouvelle qu’il faut lire très attentivement car l’écriture de Bergeron n’est pas facile à apprivoiser. Raconté à la première personne, par une narratrice qui restera anonyme durant toute l’histoire, le récit nous fait part de sa vie avec Pierre, cet amant énigmatique pour qui elle ressent autant d’amour que de haine.
La haine, c’est, semble-t-il, à cause de son incapacité à communiquer adéquatement avec elle : « Le pardon n’existe pas pour qui laisse aussi seule celle qu’il dit aimer. » L’amour ? « Que Pierre se tourne vers moi, qu’il me sourie, et les choses reprennent leur place. » Leurs rapports vont se compliquer avec les rêves de la narratrice, visions nocturnes dans lesquelles Pierre est revêtu d’un uniforme, parle allemand et la tourmente.
Pour le lecteur, tout devient allusion, suggestion : la narratrice est-elle Juive ? Pierre est-il un officier allemand qui la torture pour lui arracher on ne sait quel terrible secret ? Rêve et réalité ont tendance à se confondre, à fusionner dans un texte qui se laisse difficilement pénétrer et qui m’a laissé perplexe.
Ai-je aimé cela ? Pas vraiment… L’ambiance est froide et il reste trop de questions, trop de flou narratif. Mais peut-être est-ce voulu par l’auteur qui a le don, dans cette histoire, de cacher le quotidien de ses personnages désincarnés derrière une avalanche de mots qui occultent plus qu’ils ne révèlent. Par exemple, que sont ces âmes qu’évoque la narratrice et qui « s’emparent » d’elle ou « viennent » vers elle ? Bizarre… mais assez peu fantastique. [NS]
- Source : L'ASFFQ 1991, Le Passeur, p. 26-27.