À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Un homme fait la connaissance d’une femme par l’entremise d’une agence de rencontres. C’est le coup de foudre et il l’épouse un mois plus tard. Esther est parfaite en tout, mais l’homme est intrigué par son nombril qui présente une protubérance. Dès lors, il est obsédé par l’idée d’y toucher, ce que refuse farouchement Esther. Au premier anniversaire de mariage, l’homme déjoue la méfiance de sa compagne… pour sa plus grande déconvenue.
Commentaires
C’est un petit texte amusant de Pierre Lacroix qui illustre que l’homme, au sens d’espèce humaine, n’est jamais satisfait même si l’être aimé correspond à tout ce qu’il peut souhaiter. La nouvelle montre aussi qu’il vaut mieux parfois ne pas chercher à tout savoir et se contenter des apparences. La leçon du paradis terrestre n’a toujours pas été assimilée définitivement.
Comme le narrateur, le lecteur est curieux de connaître le secret d’Esther qui est toujours pleine d’énergie, d’humeur égale, souriante et aimante. On se doute bien qu’il y a anguille sous roche. L’homme soupçonne Esther d’être une succube. Mais non ! Esther se révèle être une poupée gonflable. À l’époque (au milieu des années 1990), le sujet était dans l’air ; aujourd’hui, il fait carrément ringard.
Pendant la lecture, j’ai pensé à cette excellente nouvelle de Bertrand Bergeron, « Jessica », dans laquelle la rencontre entre un bureaucrate et une fille du service se termine par la fuite de celle-ci quand elle découvre chez lui un léger défaut de fabrication. La nouvelle de Lacroix n’est pas aussi sophistiquée en ce qui concerne l’écriture et la nature du couple homme/femme. Ici, l’incertitude ne joue que dans un sens alors que le changement de perspective, chez Bergeron, questionnait l’identité de l’un et de l’autre. En fait, on est plutôt dans le conte chez Lacroix – comme l’annonce d’ailleurs le titre –, ce qui suspend, pendant un certain temps du moins, les doutes ou questions de l’homme et permet d’accepter quelques invraisemblances.
La faiblesse majeure demeure toutefois la finale. Le protagoniste, constatant l’enveloppe corporelle gisant à ses pieds comme une baudruche, pense être en mesure de la remettre en état de fonctionnement en lui insufflant de l’air. Misogyne, peut-être ? Ou vaniteux au point de croire qu’il peut corriger facilement sa bévue ? [CJ]
- Source : L'ASFFQ 1996, Alire, p. 107.