À propos de cette édition

Éditeur
Le Passeur
Titre et numéro de la collection
L'ASFFQ
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
L'ASFFQ 1984
Pagination
141-149
Lieu
Québec
Année de parution
1985
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Une petite fille, Émilie, vit chez sa tante dans un village situé au bord du Saint-Laurent. Est-ce depuis le décès de son oncle qu'elle est obsédée par la mort ? Les images qui la hantent sont noires : elle rêve à des épouvantails, revit en pensée l'enterrement de l'oncle. Même ses activités ont cette teinte obscure. Lorsqu'elle trouve une mouette morte sur le rivage, elle lui donne une sépulture. Un jour, elle décide d'enterrer son ourson de peluche. Puis, l'hiver venu, elle s'approche d'une fenêtre de sa classe et se jette dans le vide.

Commentaires

Ce texte bouleversant, rédigé sous la forme d'un synopsis de cinéma, se divise en 25 séquences. Le récit, désarticulé, n'est pas donné dans l'ordre chronologique. Ce qui permet aux séquences de s'enchaîner, c'est plutôt leur contenu, l'atmosphère. Le lecteur – spectateur ? – assiste à une suite d'images et ne reconstitue l'histoire qu'après coup. Puisqu'il s'agit d'indications pour un scénario, les phrases sont purement descriptives, mais leur sens est tellement fort que le tout se lit sans difficulté.

Gilbert Juteau, par des touches légères comme l'aquarelle, nous fait explorer l'univers intérieur d'Émilie. Si je me laissais aller au jeu du psychologisme, je dirais que la fillette souffre probablement d'autisme. Quoi qu'il en soit, elle s'est créé un monde fermé où la mort rôde et l'appelle. Émilie ne craint pas la mort, elle la cherche, que ce soit dans ce fleuve qui coule vers l'infini, dans ces mouettes qui s'élèvent comme l'âme mythique ou encore dans cette neige qui adoucit le paysage et engourdit le corps. Émilie a tellement faim de la mort qu'elle finira par l'avaler et celle-ci la grugera de l'intérieur d'une manière atroce.

Dans l'interprétation que je fais de la nouvelle, le fantastique – et encore plus la science-fiction – sont absents. Pour moi, « Émilie » est un beau texte poignant, où les visions oniriques se mélangent à la réalité. [DC]

  • Source : L'ASFFQ 1985, Le Passeur, p. 63.