À propos de cette édition

Résumé/Sommaire
En 2026, les dirigeants de la Fédération des ouvriers libérés (FOL) se réunissent pour célébrer le cinquantième anniversaire du syndicat. En 1976, les trois centrales syndicales avaient fusionné pour créer la FOL et avaient fondé un parti travailliste, élu depuis 1980. Il remplace alors les symboles du passé (fleur de lys, « Je me souviens ») par d’autres plus communistes et repousse le moment d’expulser les multinationales pour se voter des augmentations salariales. Tout fonctionne dans un ordre social stable et inébranlable grâce à une simple loi : l’interdiction des grèves.
Commentaires
Le seul élément de science-fiction que l’on retrouve ici est l’anticipation, mais sur un ton tellement satirique et précis dans sa critique de la politique du milieu des années 1970 que l’on ne peut vraiment parler d’une nouvelle de science-fiction. Il n’y a ici nulle tentative d’imaginer réellement ce que serait une société québécoise travailliste, même sur le mode de la dystopie, puisque l’auteur se contente de décocher le plus de flèches possibles aux dirigeants syndicaux de son époque, mais sans les nommer explicitement, critiquant vertement leur tendance à ne défendre que leurs propres intérêts et ambitions.
Or, si le texte n’a pas un véritable intérêt littéraire, la mise en scène fictionnelle étant davantage une excuse et une façon de contourner une éventuelle censure que la volonté de raconter une histoire, il n’en demeure pas moins qu’il a un certain intérêt historique dans la mesure où il offre une perspective de droite sur les mouvements sociaux de l’époque. De plus, le texte est loin d’être mal écrit. Certaines attaques font mouche et le sarcasme y est employé avec une certaine agilité qui ne peut que faire sourire. Par exemple, on peut y lire que « [l]e Québec avait un avant-goût du paradis terrestre. » Écrit par un agronome l’année de l’élection du Parti québécois de René Lévesque dans un style parodiant le compte rendu journalistique, la nouvelle révèle surtout un état d’esprit qui contraste avec l’optimisme généralisé que l’on associe souvent à cette époque de l’histoire du Québec. [ED]