À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
En 2095, en faisant enquête sur Carole Taillefer (une des plus grandes artistes peintres de la fin du XXe siècle), un dénommé Vocaret découvre les manuscrits de son frère, Jérôme Taillefer, qui était écrivain, particulièrement un document qu’il a écrit en 2030 alors que l’auteur était âgé de 80 ans et racontant les aventures qu’il a vécues en 1990. Vocaret reproduit le manuscrit dans son ordinateur et se le fait lire par Lector.
L’histoire commence au moment où Jérôme rencontre Conrad Larose, le directeur des éditions du Crabe, qui accepte d’éditer le premier roman de Jérôme, La Honcheur des randes, et lui offre aussitôt une avance de 1000 $ par mois pendant douze mois. Le lendemain, Jérôme, qui est suppléant, est appelé par un directeur d’école pour remplacer un professeur. Pendant la récréation, en tentant de maîtriser une jeune brute, Éric Trudel, il passe près de lui crever un œil. On le prévient que la famille Trudel est dangereuse. Terrifié, Jérôme Taillefer se réfugie à Flac, sa ville natale. Là, il revoit une vieille connaissance, madame Bathyâny, qui lui parle de ses parents qu’il a perdus à l’âge de 4 ans et qui l’encourage à essayer de retrouver sa sœur et son neveu disparus. Jérôme se laisse convaincre mais auparavant, il a le malheur de découvrir que les chèques de Conrad Larose sont sans provision. L’écrivain voit rouge et file à Montréal pour retracer son prétendu éditeur. Il échoue.
Il retourne donc à Flac accompagné de deux amis, Gerry et Michel Turcotte. Ils découvrent que la sœur de Jérôme et son fils Nicolas font partie d’une secte. Ils décident donc de les sortir de là. Gerry, arrivé sur place avant Jérôme et Turcotte, parvient à secourir plusieurs disciples du groupe religieux. Toutefois, Nicolas s’enfuit après avoir mis le feu aux bâtiments de la secte. Finalement, Jérôme, sa sœur Carole, Turcotte et Gerry se retrouvent. Ils participent à une fête donnée à Flac mais Nicolas, obsédé par l’idée d’un suicide collectif, met le feu à l’hôtel où se déroule la fête. Plusieurs personnes meurent dans l’incendie.
Commentaires
Les Enfants de Schubert est un roman qui contient bien des éléments disparates, ainsi que plusieurs intrigues de différents types comme si Pierre K. Malouf n’avait pas réussi à se décider en faveur d’un genre en particulier et avait voulu tous les pratiquer à la fois. Le héros, un écrivain paumé, Jérôme Taillefer, vit des aventures rocambolesques. Une des intrigues concerne ses états d’âme ; c’est la partie qui ressemble le plus à ces romans québécois conventionnels supposément intimistes où un personnage s’interroge longuement sur sa vie et sur ce qui se passe à l’intérieur de lui.
Une autre intrigue est de type policier, qui suit Jérôme cherchant à mettre la main au collet de Conrad Larose et désirant ensuite arracher sa sœur des griffes d’une secte portée sur le suicide collectif (très d’actualité). Il y a cependant beaucoup (trop) d’observations du quotidien. Malouf consacre plusieurs pages à raconter la vie au jour le jour de ses personnages et là, on tombe carrément dans le roman mimétique, ce qui ralentit considérablement l’action et provoque l’ennui.
Enfin, il y a le fait que les aventures que rapporte Jérôme sont lues par un personnage nommé Vocaret qui a retrouvé le manuscrit en 2095. Ce même Vocaret a laissé en héritage la puce informatique qui contient le texte à sa petite-fille au XXIIe siècle. Ces passages ne sont pas mauvais mais ils sont trop courts. Ils ne suffiront pas à contenter un amateur pur et dur de science-fiction qui aura plutôt l’impression (avec raison) d’avoir d’abord et avant tout affaire à un roman de littérature générale. Dernier point, cette œuvre ne manque pas d’humour bien que celui-ci tombe souvent à plat.
Ce mélange des genres aurait pu être intéressant et c’est tout à l’honneur de Pierre K. Malouf d’avoir tenté quelque chose d’ambitieux. Malheureusement, Les Enfants de Schubert est très inégal, il a les défauts de ses qualités. Certaines pages sont très belles, très poétiques et l’intrigue concernant la secte n’est pas si mal. D’autres pages, par contre, sont sans intérêt et on pourrait les sauter sans perdre le fil de l’histoire. Il y a des descriptions de personnages qui sont véritablement balzaciennes et laissent baba : celle de Conrad Larose, par exemple, est d’un comique irrésistible. Comme cette description se trouve au début, cela augurait bien pour le reste du roman. Mais Malouf commet la même erreur que Balzac avec le personnage du Baron de Nucingen dans Splendeurs et Misères des courtisanes ; il veut faire réaliste et met dans la bouche de ses personnages un joual excessif, affreux, qu’on a de la peine à lire. Les dernières pages sont cependant réussies, tristes et dramatiques à souhait. [DJ]
- Source : L'ASFFQ 1999, Alire, p. 104-105.
Références
- Chartrand, Robert, Le Devoir, 16/17-10-1999, p. D 3.