À propos de cette édition

Éditeur
Québec/Amérique
Titre et numéro de la collection
Littérature jeunesse - 41
Genre
Science-fiction
Longueur
Roman
Format
Livre
Pagination
235
Lieu
Montréal
Année de parution
1992
ISBN
9782890376151
Support
Papier
Illustration

Résumé/Sommaire

À la suite de l’enlèvement du jeune inventeur Olivier Delacroix et du vieux Barnabé Mitinski, la petite-fille de ce dernier, Judith, et le petit robot Minute retournent dans le passé pour quérir l’aide de Max, qui était le majordome de la même Judith Mitinski avant qu’elle s’impose une cure de rajeunissement afin de maintenir en vie son grand-père, et de l’extraterrestre Ydran Ludwig.

C’est Charles Langevin, le propriétaire d’une manufacture de produits écologiques qui a enlevé Olivier parce que celui-ci a inventé un produit qui biodégrade instantanément toute vaisselle jetable. Du côté des policiers, Paul, proche de la retraite, et le sergent Lucas, dit Luke, sont mystifiés. Sur les lieux du crime se trouve une vedette de téléroman, du nom d’Alexandre Valérian, mais ce beau jeune homme a perdu la mémoire.

Le frère d’Olivier, Mathieu, qui est journaliste, se lance dans l’enquête, accompagné de son amie Dominique, qui croyait aimer Olivier. Pendant ce temps, Olivier et Barnabé sont soumis à des pressions de Charles Langevin qui veut mettre la main sur le secret d’Olivier. Et, pendant ce temps aussi, les Ydrans Yuan et Miada qui se sont associés à la biosphère terrestre méditent leur fin prochaine annoncée par la déliquescence de l’environnement, tandis qu’ils restent en contact télépathique avec Ludwig.

Justement, Ludwig, Max, Minute et Judith sont en train d’explorer le laboratoire d’Olivier, mais ils sont interceptés par les policiers de faction. Sur ce, Alexandre Valérian retrouve la mémoire et confie à Dominique et Mathieu qu’il était venu à Bouquinville pour rencontrer Langevin à des fins de promotion. Par hasard, Alexandre a assisté au début du double enlèvement et il incrimine un livreur de tapis que Mathieu a vu chez Langevin.

Tous les protagonistes se rencontrent alors et décident d’unir leurs efforts pour libérer Olivier et Barnabé qui sont en danger car Langevin, aux abois, a ordonné à ses robots de les tuer. Cependant, l’aide d’un robot bienveillant nommé Robbie leur fait gagner du temps et les secours arrivent juste à temps. Langevin a pris la fuite et ne sera pas retrouvé. Le vieux Barnabé meurt d’épuisement et Judith retrouve son âge naturel. Et Paul prend sa retraite aux Caraïbes.

Commentaires

Tout est donc bien qui finit bien. Mais ce résumé fournit une idée assez précise de la profusion de personnages mis en scène par l’auteure. Il faut avoir lu les deux romans précédents, Menace sur Bouquinville et Les Enfants d’Ydris, pour s’y retrouver. Dans un livre aussi court, certains personnages, tels les Ydrans, sont immanquablement réduits à la figuration ou à des rôles de faire-valoir. De ce fait, rares sont ceux qui ressortent de la mêlée avec un quelconque degré d’individualité, à part le vilain entrepreneur Charles Langevin et Barnabé Mitinski, vieux et sage. Robots, policiers et jeunes héros n’échappent pas vraiment aux stéréotypes.

Cependant, l’auteure tire les fils avec maestria. Les intrigues distinctes convergent lentement mais sûrement. Le tout démarre lentement, puisqu’il faut consacrer quelques scènes à chaque nouveau personnage, mais l’auteure sait mettre en place et maintenir le suspense nécessaire. Les rebondissements se succèdent avec logique et le déroulement de l’action est correctement minuté.

C’est au plan de la narration que le bât blesse. L’humour et l’amour fonctionnent au niveau des téléromans. Les policiers sont toujours en retard d’un raisonnement. Le méchant capitaliste est un forcené attaché à ses sous, qui emploie des robots et non des humains, qui est prêt à tuer et qui a un passage secret menant hors de ses bureaux. Dominique va découvrir qu’elle aime Mathieu parce qu’elle trouve excitant de faire de la moto avec lui et parce qu’elle est jalouse de l’infirmière à qui il fait du charme…

Le mystère de l’enlèvement est cousu de fil blanc – ou devrais-je dire de fibres de tapis ? L’amnésie d’Alexandre Valérian est providentielle pour Charles Langevin, car sans elle le mystère s’écroulerait, mais sa présence sur les lieux est aussi une chance inespérée pour les amis d’Olivier et Barnabé. De même, il y a l’infirmière qui reconnaît Valérian à l’hôpital et la secrétaire de Langevin qui apprend par hasard où Olivier est détenu. À la fin, cela fait beaucoup. Les fibres de tapis auraient suffi à remonter jusqu’au livreur de tapis et, de lui, à son employeur…

L’autre faiblesse se situe sur le plan de la science-fiction, car l’auteure tend à traiter magie et science de façon presque interchangeable. En dépit de l’aphorisme d’Arthur C. Clarke, le lecteur a du mal à croire qu’il suffit de prononcer une formule pour voyager dans le temps. De plus, il faut avoir lu les romans précédents pour comprendre pourquoi Judith est une femme dans un corps d’enfant de dix ans. Par ailleurs, l’action se passe en 1998 et six ans ont de toute évidence suffi aux savants de 1992 pour mettre au point des robots intelligents ! Je suppose que les prototypes sortiront bientôt…

Bien entendu, les Ydrans sont dotés de pouvoirs divers, dont la télépathie et la précognition. Bien entendu, en dépit de sa jeunesse, Olivier Delacroix, qui a vingt-deux ans, est un brillant inventeur. Bien entendu, le bon robot peut lutter contre sa programmation et la vaincre, même s’il fait fondre tous ses circuits !

Bref, il n’y a rien là de très original ou même de très cohérent. L’auteure n’approfondit pas la psychologie des personnages dont elle bombarde le lecteur. La mort de Barnabé et la décision de Judith de le laisser mourir au lieu de retourner dans le temps sont évacuées avec la promptitude des téléromans qui règlent en vingt minutes cas de conscience et tragédies familiales.

Ainsi, Louise Lévesque nous livre une aventure agréable quoique surchargée. On souhaiterait simplement la voir réfléchir et se documenter un peu plus la prochaine fois. [JLT]

  • Source : L'ASFFQ 1992, Alire, p. 113-115.

Références

  • Anonyme, Littérature québécoise pour la jeunesse 1992, p. 28.
  • Bourget, Édith, Lurelu, vol. 18, n˚ 3, p. 31.