À propos de cette édition

Éditeur
XYZ
Titre et numéro de la collection
L'Ère nouvelle
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
L'Esprit ailleurs
Pagination
41-55
Lieu
Montréal
Année de parution
1992

Résumé/Sommaire

Une vieille femme attend dans un lieu de transition indéterminé d’être acceptée au purgatoire. Elle rencontre saint Pierre, responsable des admissions, qui l’avise qu’elle devra patienter indéfiniment et qui lui conseille de regarder en elle-même. Mais Léonie en a assez d’attendre Dieu.

Commentaires

Pour les intellectuels de la génération d’André Brochu, la conception du temps est indissociable de l’enseignement religieux qu’ils ont reçu. « L’Entretemps » en constitue une illustration probante. Léonie rejette la conception de l’éternité héritée de la religion catholique qui repose sur trois lieux improbables : le ciel, le purgatoire et l’enfer. Elle ne veut pas d’une mort qui ne soit qu’une sorte de vie suspendue, en attente. Elle exprime sa déception d’avoir été flouée par une religion qui promettait la connaissance au terme de la vie. « La mort, pensais-je, me mettrait au courant. [...] Bref, je vibrerais de connaissance neuve, comme une mouche enivrée de soleil, et je connaîtrais ce qu’on appelle Dieu, morceau par morceau, tout en agrandissant mon point de vue sur l’univers. »

« L’Entretemps » sert de prétexte à esquisser très brièvement la façon dont les Québécois, avant la laïcisation de la société, vivaient leur foi religieuse et leur rapport à Dieu. On croirait d’ailleurs entendre le bon docteur Ferron à travers cette réplique de Léonie : « Vous savez, votre sainteté, avant la télévision, les divertissements étaient rares. On en connaissait deux surtout : dénombrer la famille, et l’augmenter. » La rencontre entre saint Pierre et Léonie constitue à cet égard le meilleur moment de la nouvelle.

Il est dommage que cette discussion pleine de traits d’esprit n’occupe que trois pages. Le récit retombe par la suite dans un pessimisme qui n’a rien de réjouissant. La désillusion du personnage laisse un goût amer dans la bouche comme c’est le cas également dans « La Berlue ».

On relève aussi vers la fin une conception du moi dédoublé à l’infini qu’Emmanuel Aquin a déjà exprimée dans Incarnations et cette notion du double qui ancrait la réflexion de Krzysztof Kieslowski dans La Double Vie de Véronique. [CJ]

  • Source : L'ASFFQ 1992, Alire, p. 39.