À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Laxmi Desai se retrouve accidentellement, avec son petit vaisseau Sinha, au bord d’un trou noir. La seule alternative à la mort par inanition, selon son compagnon de bord l’ordinateur Sam, est de plonger dans le trou. Le Sinha se retrouve de l’autre côté, dans un univers de négamatière où les forces gravitationnelles sont à l’opposé des nôtres, interdisant tout contact entre Laxmi et d’éventuels secouristes. On lui propose une façon de rentrer dans son monde, et c’est seulement après son retour que l’ordinateur sort de son mutisme pour lui expliquer : son corps de chair n’aurait pas survécu aux forces de marée du trou noir et Sam a transféré dans ses propres circuits l’esprit de Laxmi – du moins ce qui lui en était perceptible par les psychomètres. La femme est condamnée à une demi-vie de solitude et d’isolement.
Commentaires
Je me rappelle n’avoir pas tout compris à la première lecture de cette nouvelle, tandis que la seconde lecture, quelques mois plus tard, m’a paru limpide. C’est le péril, sans doute, de la hard SF, ou celui de faire lire et commenter les textes par des humains.
D’un étudiant avancé en physique, on aurait pu craindre un texte rendu dissonant par trop de notations scientifiques, mais ce n’est pas trop strident. Seule, parfois, la langue manque un peu de délié, d’aisance, de naturel. « Alors, Sam, les prédictions de quelles théories avons-nous vérifiées ? » (p. 75). Trudel, vivant à Ottawa, prouve ici que baigner dans l’anglais finit par déformer le français, parfois perceptiblement. Quand c’est l’ordinateur qui parle, cette langue pas tout à fait harmonieuse sied bien : on se doute que, longtemps encore, l’intelligence artificielle ne saura reproduire parfaitement le langage naturel. Mais lorsque c’est Laxmi, les paroles et les pensées manquent de naturel. De fait, c’est aussi toute la narration qui fausse légèrement : ici et là, une phrase trop longue, trop construite – ou curieusement construite – vient rappeler que Trudel n’est pas tout à fait à l’aise en français et en littérature, et nous fait souhaiter qu’il ait un jour l’occasion de pratiquer davantage l’écriture, ou de lire ou d’entendre plus souvent le français. [DS]
- Source : L'ASFFQ 1989, Le Passeur, p. 210.