À propos de cette édition

Résumé/Sommaire
Nous sommes en 1998 et le ministre des Affaires étrangères de l’État du Québec cherche un candidat pour pourvoir le poste de conseiller culturel à Paris. Son choix se porte sur Pascal Livarot, un jeune homme possédant une très bonne connaissance du français oral, étant titulaire d’une maîtrise en français parlé. Livarot part donc s’installer en France où, après une tournée éducative de deux semaines, il entreprend ses nouvelles fonctions.
Commentaires
Cette nouvelle d’anticipation présente les divers changements survenus à la suite de la déclaration d’indépendance du gouvernement québécois. La principale conséquence est l’abandon, par l’État du Québec, du français écrit, puisque les dirigeants estiment que la survie de la langue française passe d’abord et avant tout par la communication orale. Ce texte s’avère beaucoup moins intéressant que celui de Denis Côté, « Prends-moi dehors au jeu de balle », publié la même année, et qui s’intéressait lui aussi à la question linguistique au Québec dans un avenir proche.
Les changements projetés sont farfelus, puisqu’ils se basent en grande partie sur le Québec des années 1970. Le meilleur exemple de cet état de fait est sans contredit le fameux gouvernement « ultra-néo-créditiste-progressiste », dans lequel il est aisé de retrouver les partis politiques de l’époque. De la même manière, l’auteur escamote les difficultés techniques, humaines et politiques des modifications apportées par le gouvernement autonome québécois, notamment la construction farfelue d’une muraille de Chine version québécoise, afin de séparer l’État du Québec du reste du Canada.
Par contre, là où Blanchet démontre une véritable méconnaissance des mécanismes qu’il aborde lui-même dans son texte, c’est lorsqu’il explique de quelle manière le gouvernement parvient à équilibrer ses finances. Selon l’auteur, le gouvernement se contente d’imprimer autant d’argent qu’il en a besoin et arrive ainsi à payer toutes ses dettes, qu’elles soient nationales ou internationales, et ce, sans aborder la question de l’inflation. Cette vision simpliste et réductrice de l’économie démontre le manque de sérieux de l’auteur dans la mise en place de sa société extrapolée. Il en est de même, dans une moindre mesure, pour l’abandon presque immédiat du français lu et écrit, au profit du « joual » parlé.
Contrairement au texte de Côté, on sent ici que la question linguistique est tout au plus un prétexte, puisque le seul exemple de la qualité de ce « nouveau français » ne se retrouve qu’à la toute fin de la nouvelle. Cette chute s’avère décevante, puisqu’elle est en contradiction avec les informations fournies auparavant par le narrateur sur la qualité du français écrit qui y est présenté.
Bref, une nouvelle de qualité moindre, qui est complètement éclipsée par celle de Denis Côté, en raison d’un thème similaire. [PAB]