À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
À soixante-douze ans – « un pet ! » –, Théophile Pieux se pense encore dans la force de l’âge. Aussi entend-il réparer lui-même l’antenne de télé installée sur le toit de la maison, et dont les caprices altèrent l’humeur de madame Pieux depuis un bon mois. S’ensuit une chute miraculeusement sans gravité, si ce n’est un hématome crânien qu’on enlève et remplace – la nature ayant horreur du vide – par un implant synthétique inoffensif. Or lorsque mis en contact avec le déverrouilleur de la voiture, l’implant a l’improbable effet de ressusciter les fonctions érectiles du vieil homme !
Commentaires
Amusante, superficielle, ultralégère : ainsi se présente « L’Étrange Histoire de Théophile Pieux ». Il semble d’ailleurs évident, compte tenu du thème et de son traitement, qu’Yvon Beaulieu a volontairement écrit un texte bon enfant se voulant distrayant, sans plus.
En peu de mots, Beaulieu parvient à camper, avec son Théophile Pieux renouant avec les délices depuis longtemps disparus de la bandaison – pour autant que le fameux déverrouilleur soit de la partie –, un personnage de vieux bourru sympathique et véritablement incarné. On sourit à l’évocation des « compulsions » (le mot est de madame Pieux !), voire du quasi-priapisme du bonhomme. « Complètement et éternellement heureux » grâce à son « émetteur d’orgasmes » qu’il a appris à maîtriser, Théo vit une convalescence de rêve. Un technicien est venu réparer la vieille télé, et sa Rose a retrouvé le sourire. Bref, c’est de nouveau l’harmonie au sein du ménage Pieux.
Le destin de Théo allait se jouer un matin de juin. Notre homme est au zoo, à déambuler d’un pas guilleret. S’arrête devant la cage d’un énorme et vieux chimpanzé. Et de grimacer, d’agacer, d’asticoter, d’exciter. De fil en aiguille, voilà Théo agrippé, il se débat, en perd un bout de veste d’où s’échappent un briquet, un paquet de cigarettes et le précieux déverrouilleur, dont le chimpanzé se saisit. À son tour de rire des simagrées simiesques de ce drôle d’humain. Après vingt minutes d’incessantes et intenses stimulations, le cœur de Théo succombe dans « d’atroces jouissances ». Morale de l’histoire, si tant est qu’Yvon Beaulieu ait voulu nous en proposer une ? Hasardons celle-ci : même le plaisir doit avoir une fin, ou trop de plaisir tue. Mais c’était surtout une bien gentillette histoire. [FB]
- Source : L'ASFFQ 1994, Alire, p. 19.