À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Attiré à Ogrhröd par les promesses d’y être traité comme un roi à cause de son embonpoint, le narrateur a effectivement la joie d’y être reçu par des gens fort accueillants bien que, il a tout le loisir de le remarquer, souvent éclopés. Il ne tarde pas à faire connaissance avec la carotte, jeu d’adresse où la racine orange doit déjouer des pièges bien tranchants.
Parti explorer le centre de la ville, c’est-à-dire le sommet de l’île, il y découvre une vue imprenable, certes, mais aussi un trottoir qui brille comme si de la glace s’était formée à sa surface, malgré la température élevée. Il est entraîné sur la surface glissante. Un passant, qui aurait pu l’aider, ne fait pas un geste. Notre narrateur prend peu à peu conscience qu’il se trouve dans une réplique géante du jeu de la carotte, à cette différence près qu’il est lui-même devenu la carotte. Pendant ce temps, la foule observe ses tourments avec beaucoup d’intérêt et les paris vont bon train. (Et c’est sans compter sur la créature monstrueuse qui l’attend là-bas.) Jusqu’au moment fatal, il garde confiance mais… Sauvé, pas sauvé ? Le saurons-nous jamais ?
Commentaires
Ça fleure bon le fantastique d’une certaine époque, ça rappelle, ça rappelle… Des tas de choses mais rien de tout à fait comme « Étranger à Ogthröd ». Nous n’en sommes pas trop surpris. L’auteur, depuis des années, nous a habitués à l’inhabituel. Il a œuvré dans tous les styles et dans tous les genres avec un succès égal. Sa palette est large et son originalité certaine. Même ses pastiches demeurent très personnels.
Dans le cas d’« Étranger à Ogthröd », une certaine habileté à tromper agréablement les attentes, le style idoine et la formule bien tournée composent la recette d’une excellente nouvelle dans la grande tradition. Oh, je critiquerais bien la partie descriptive, qui ne m’a pas semblé toujours aidante (j’avoue cependant être un lecteur négligent), mais cela n’a qu’une importance bien secondaire. On ne s’en aperçoit guère, tant on est emporté par la suite des événements. Et la finale ? Un petit cauchemar couché sur le papier avec une conclusion de cauchemar. Quelle est votre réponse, cher lecteur ?
En conclusion, une autre excellente nouvelle du trop rare Jean Pettigrew (peut-être la meilleure du collectif dans lequel elle a paru), qui trouverait certainement sa place dans ce recueil de l’auteur que l’on attend depuis vingt ans. Une dernière remarque. Ce texte fait partie d’un collectif destiné à la jeunesse intitulé Petites Cruautés. Si vous appelez cela une petite cruauté, monsieur Pettigrew, je frémis en songeant à ce qu’en serait une plus grande. [GS]
- Source : L'ASFFQ 1999, Alire, p. 140-141.