À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Etuk s’ennuie profondément. Il voudrait bien aller à la chasse mais, seul, il se perdrait dans la toundra et son père et ses frères n’ont pas le temps de s’occuper de lui. Il est particulièrement intrigué par l’inukshuk qui se trouve près de son village. Il aimerait en connaître la signification mais personne ne prend la peine de la lui expliquer. Cherchant à s’occuper, il s’amuse à empiler des pierres et voilà que les roches qu’il dispose en tas prennent l’allure d’un inukshuk de forme humaine ou presque car Etuk estime que les bras sont un peu trop courts. Il veut améliorer son monument mais celui-ci prend vie et ordonne : « Attention ! Ne me touche plus ! Je suis très bien comme ça ! » Etuk est terrifié mais comme l’inukshuk se montre amical, il se laisse convaincre de ne pas s’enfuir. L’inukshuk lui apprend qu’il s’appelle Piqati, ce qui veut dire « compagnon ».
Ils partent ensemble en excursion dans la toundra. Piqati apprend alors à Etuk comment construire cinq sortes d’inukshuk et quelle est la signification de chacun d’eux. Ce n’est, comme le lui précise Piqati, qu’une petite parcelle de ce qu’Etuk aura à apprendre à propos des inukshuks car ils peuvent prendre des tas de formes différentes. Cela fait des centaines et même des milliers d’années que les Inuits construisent ces monuments.
Soudain, une brume entoure Piqati et celui-ci disparaît, laissant Etuk seul dans la toundra. D’abord triste, puis fâché de ce que son compagnon l’ait abandonné, il se demande comment il va faire pour retrouver son village. Alors, il se rappelle les enseignements de Piqati et se souvient de la signification de chacun des cinq monuments qui sont autant de repères dans la toundra. Il retrouve sans aide le chemin de son village. Il craint de ne plus revoir son ami mais voici qu’il est bien là, à l’orée du village, là où il l’a construit le matin même. D’abord immobile, l’inukshuk lui fait soudain un clin d’œil, le félicite d’avoir bien appris ses leçons et lui propose d’aller à la chasse le lendemain.
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Commentaires
C’est difficile, en tant qu’adulte, de juger une histoire toute courte et toute simple comme celle-là et destinée aux très jeunes, livrée dans une plaquette où les dessins prennent autant de place, sinon davantage, que le texte. Les illustrations sont assez minimalistes mais agréables tout de même. Si on se fie à la quatrième de couverture, cette histoire est inspirée d’une vraie légende inuite. Comme dans tout bon conte, il se produit une série d’événements similaires et répétitifs qui consistent ici en la construction de cinq monuments et l’apprentissage de leur signification. Cela constitue en fait une connaissance indispensable à la survie du jeune héros dans la toundra. Il y a donc un aspect documentaire dans ce récit.
Pour ma part, je ne connaissais rien à propos des inukshuks. Après avoir lu ce récit, j’ai eu envie d’en apprendre davantage sur le sujet. Le jeune lecteur, quant à lui, s’identifiera aisément au personnage d’Etuk qui est, au départ, aussi ignorant que lui. De plus, à moins que les goûts des enfants aient considérablement changé depuis ma jeunesse, ceux-ci adorent les histoires dans lesquelles les animaux parlent ou les objets prennent vie. Dans ce genre de contes, le but de ces interventions extraordinaires, que ce soit sous la forme d’un chat botté, d’un génie ou d’un inukshuk, est de fournir une aide au héros et de lui permettre de sortir de la dépendance et de l’enfance pour devenir un être autonome. Mais tout cela, Bruno Bettelheim l’explique bien mieux que moi dans Psychanalyse des contes de fées.
Le style de Marie Rocque est idéal pour ce type de contes, simple, qui va droit au but, pas de mots rares, non plus que la moindre fioriture ou considération inutile. Faut-il voir dans le fait qu’Etuk ne trouve personne pour lui enseigner quoi que ce soit une critique implicite de la part de l’auteure envers les parents qui ne prennent pas le temps d’apprendre à leurs enfants ce qu’ils ont besoin de savoir pour gérer leur existence ? Je n’ai pas pu m’empêcher de le penser. Cela dit, il fallait tout de même qu’Etuk commence à bâtir quelque chose de lui-même avant de pouvoir aller plus avant dans la connaissance et cela, malgré le fait qu’il ne reçoit que des quolibets de la part de ses amis. Marie Rocque encourage donc à être proactif et à ne pas se fier sur les autres. Une leçon de vie, en quelque sorte.
En somme, c’est une bonne petite histoire. Si j’avais des enfants très jeunes, je leur prêterais volontiers ce livre. [DJ]
- Source : L'ASFFQ 1993, Alire, p. 161-162.
Références
- Anonyme, Littérature québécoise pour la jeunesse 1993, p. 44.
- Durand, Stéphanie, Lurelu, vol. 29, n˚ 2, p. 66.
- Véron, Laurence, Cahiers franco-canadiens de l'Ouest, vol. 6, n˚ 1, p. 163.