À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Fin XXIe siècle. Hoku Koto, patron de la Kumishawa, Brown and Lafleur Co., a reçu de la métropole l’important mandat de mener à bien l’érection, au milieu d’un désert oublié, d’une ville nouvelle destinée à des fins jamais précisées. Pendant quelques jours, nous nous attachons aux pas de Mashi et Kern, deux des 17 640 employés de la Kumishawa. Or dans ce monde dominé par un climat de paranoïa diffuse, Mashi semble savoir « quelque chose » qu’il ne devrait pas…
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Alix Renaud qui, en termes de genres, avait jusqu’alors habitué son lectorat surtout à la poésie et à la littérature érotique, signe ici une novella de science-fiction fort réussie scandée entre autres au rythme d’extraits des Chants de Maldoror, de Lautréamont. Nous voilà à l’évidence plongés dans un univers dystopique où n’existe guère le libre-arbitre évoqué dans le titre. En font foi ces énigmatiques « toilettes » hebdomadaires auxquelles est soumise la population, les séances avec le télépathe Nyghieski, les droits de paternité dûment accordés, la longévité programmée, « l’implantation d’ordonnance », cette « Administration » orwellienne à laquelle rien n’échappe…
L’atmosphère s’alourdit progressivement au fil de l’avancée d’un récit construit à l’aide d’ellipses efficaces dessinant un univers déstabilisant duquel, de façon toujours crédible, sourd l’inquiétude. C’est ainsi que Mashi devient bientôt l’unique témoin de la mort violente de femmes illico transformée, par la version officielle, en accidents. Il découvre aussi un fait « troublant » sur les ordinateurs, à savoir qu’on peut « leur apprendre à se tromper ou à mentir ». Le trouble tout autant la soudaine abondance de diffusion d’information sur des fraudes présumées, la consommation de drogues dures, les « jeux » (sorte de version futuriste des combats de gladiateurs), tous maux répandus dans la métropole mais impensables ici, dans ce havre réservé à la recherche… Bref, une foule d’événements inhabituels se produisent en effet. Mais symptomatiques de quoi ?
Respectant les lois du genre – SF sur fond présumé de dystopie –, Alix Renaud fait croire à une société totalitaire aux diktats vraisemblablement établis par la Kumishawa et son « vénéré » dirigeant Hoku Koto, ce qui, du reste, cadre en tout point avec le thème du libre-arbitre induit par le titre. Mais le nouvellier est extrêmement habile et son éloge du libre-arbitre, puisque, oui, il s’agit bien de cela, s’avère prendre au final une tournure des plus inattendues, même si des indices auront été judicieusement semés ça et là. En dénouement, Renaud étonne, donc réjouit. Car on constate alors que tout en obéissant à des conventions de genre, il les a quelque peu détournées. Par surcroît – ce n’est pas rien –, l’écriture est plutôt stylée. [FB]
- Source : L'ASFFQ 1995, Alire, p. 157-158.