Face cachée de la Terre (La)

En 1978, une mission soviétique mixte est envoyée sur la face cachée de la Lune pour y établir une base souterraine. Une vingtaine d’années plus tard, quand on craint pour la survie de la station, les trois adolescents qui représentent la deuxième génération sont envoyés sur la Terre après avoir subi l’entraînement nécessaire. L’appareil s’abîme dans la mer mais les enfants parviennent à mettre pied sur la terre ferme. Ils trouvent refuge dans une cabane apparemment inhabitée. Quelques objets les intriguent (Que fait là ce roman écrit en anglais alors qu’ils sont censés être dans un pays francophone ?) et bientôt, l’un d’eux tombe malade. À la recherche de nourriture, ils s’introduisent dans une deuxième habitation.

Lors d’une sortie exploratoire, ils sont découverts par un gardien de phare qui leur vient en aide. Ils lui font d’abord croire qu’ils sont des touristes russes puis, après bien des hésitations, ils révèlent leur identité et racontent toute leur histoire. Celle-ci semble accueillie avec scepticisme. Quelques jours plus tard, prévenue des infractions commises par les jeunes, la police leur met la main au collet. Leur histoire acquiert davantage de crédibilité quand les policiers examinent leur « traducteur » (l’appareil qui leur permet de comprendre plusieurs langues). Finalement, leur astronef est découvert un peu au large, à l’endroit où ils disent avoir atterri.

Dans le premier tiers de La Face cachée de la Terre, le lecteur ne dispose pas de l’information nécessaire pour comprendre tout de suite ce qui se passe. Dans le second tiers, c’est l’inverse : cette fois, ce sont les jeunes astronautes qui font face à un monde qu’ils connaissent mal alors que le lecteur s’amuse à les voir commettre erreur sur erreur ou interpréter de façon amusante ce qui, pour nous, compose l’environnement quotidien. Quant à la troisième partie…

Un début qui laisse entrevoir bien du plaisir exploratoire (Sommes-nous dans un univers parallèle ? Comment peut-on tout ignorer de la Terre ?), saupoudré, il est vrai, de quelques gaffes scientifiques (Pourquoi le poids des adolescents diminuerait-il une fois qu’ils montent à la surface de la Lune ?) ou d’éléments plus qu’improbables (Comment les quelques scientifiques de la station russe auraient-ils pu développer un appareil pour traduire instantanément les langues ?). Puis l’aventure glisse rapidement dans la banalité une fois que les enfants ont mis le pied sur la Terre. Ce lecteur (comme d’autres, probablement), s’attendait à découvrir une Terre bien différente de celle que nous connaissons. Hélas, qu’y trouve-t-on ? Un petit coin de Gaspésie, un gardien de phare un peu folklorique, quelques faux mystères et, finalement, l’intervention de la police pour mettre fin à l’histoire.

L’auteure a-t-elle eu peur de ses propres idées ou bien a-t-elle opté pour la facilité ? Je me garderai bien de répondre. La chose est d’autant plus décevante que l’ensemble est écrit correctement et que nombre de détails sont réjouissants. Une déception, donc, mais un roman très supérieur au premier titre de la collection, l’inepte Énigme de l’œil vert de Viateur Lefrançois. [GS]

• Source : L'ASFFQ 1998, Alire, p. 7-8.

• Dupuis, Simon, Lurelu, vol. 21, n˚ 2, p. 19.
• Larouche, Réjeanne, Nuit blanche 73, p. 20-21.