À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
On vous donne un fusil. On vous assoit dans une pièce vide. Vous occupez votre nouveau poste : gardien du silence. L’ordinateur et les robots fonctionnaires vous observent. Au centième jour, vous n’en pouvez plus. Vous entendez un bourdonnement semblable à celui d’une mouche. En bon gardien, vous vous apprêtez à faire feu sur le violeur de silence. Mais vous n’êtes qu’un imbécile. On vous condamne au puits d’obscurité. La mouche » n’était que l’œil électronique de l’ordinateur central, déguisé en insecte.
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Commentaires
Bien que la narration au « vous » me rend généralement mal à l’aise (et n’est-ce pas là le but, après tout ?), dans « Faire mouche » elle est d’une étonnante efficacité. Chaque relecture du texte nous plonge dans une inquiétude de plus en plus profonde et complexe. Nous ne sommes pas certain de comprendre exactement ce qui arrive au personnage principal, qui est « nous ». Qui nous parle, au juste ? Pourquoi devons-nous surveiller le silence ? Devons-nous ignorer la fausse mouche ? L’éliminer comme si elle était une vraie mouche ? Faut-il tirer sur l’ordinateur central pour le plaisir des robots fonctionnaires ? Étions-nous, de toute façon, condamné d’avance ?
La phrase est surtout courte et « nous » frappe comme un bon coup de poing. En fait, chacune nous rappelle avec cruauté notre insignifiance, notre nullité d’humain dans un univers dominé par des machines qui ont sûrement pris plaisir à lire Kafka.
Avec « Faire mouche », Michel Dufour a su développer un court suspense fantastique, dans un style personnel et mature. En somme, c’est un excellent texte. [NB]
- Source : L'ASFFQ 1992, Alire, p. 71-72.