À propos de cette édition

Éditeur
Bureau de la Lyre d'or
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
La Lyre d'or, vol. I, n˚ 8/9
Pagination
410-412
Lieu
Ottawa
Année de parution
1888

Résumé/Sommaire

En allant cueillir au bois des framboises, deux jeunes filles prennent peur à un bruit suspect. L’aînée, dix ans, réussira à revenir chez elle mais Marthe, qui n’a que trois ans, ne sera pas retrouvée par la famille qui organise une battue. C’est qu’elle a été recueillie par la fée Yvonnette qui passait par là. Mais la bonne fée, ne sachant où la petite habite, ne peut la ramener chez elle. Avant de pouvoir se renseigner auprès de ses consœurs lors du conseil général des fées, elle chérira et éduquera la petite comme il se doit. Ce n’est que cinq ans plus tard qu’elle ramènera Marthe à sa famille.

Commentaires

« La Fée Yvonnette » relève de ce qu’il est convenu d’appeler le « merveilleux ». Bien que la magie ne soit pratiquement pas utilisée dans ce conte, la présence même d’une fée et le pouvoir qu’elle a de se déplacer sur de grandes distances à des vitesses prodigieuses – Legendre parle de grands coursiers ailés et de char-ballon ! – nous amènent à inclure ce texte dans notre corpus.

Par ailleurs, et malgré des apparences trompeuses, le conte de Legendre s’adresse bien à des adultes. Quelques paragraphes le prouvent de façon irréfutable alors qu’il rappelle aux parents certains devoirs à l’égard de leurs jeunes enfants et qu’il donne son avis sur ce que doit être l’éducation des jeunes filles de campagne : « Elle [la fée] savait que Marthe appartenait à une famille de cultivateurs et qu’elle était destinée à vivre à la campagne ; elle ne voulut pas, par conséquent, lui enseigner tout (sic) ces petits riens que bien des jeunes filles apprennent à la place de choses sérieuses, et qui ne servent la plupart du temps qu’à les rendre malheureuses plus tard. »

Typique d’une certaine idéologie du temps, on retrouve aussi l’assurance que tout ce dont la famille canadienne-française a besoin, c’est d’une bonne âme et d’un cœur vertueux. Tout le reste n’est que frivolité. Malgré tout, la fée Yvonnette, lorsqu’elle ramènera l’enfant à sa famille, donnera à chacun de ses membres de « riches cadeaux ». L’auteur demeure cependant muet sur leur nature !

Bien écrit, d’un style alerte, « La Fée Yvonnette » emprunte la forme orale du conte puisque le narrateur s’adresse régulièrement au lecteur. Que ce soit pour indiquer un changement de point de vue, pour questionner les agissements des personnages ou pour aller au-devant des interrogations légitimes du lecteur – « Ah ! mais, me direz-vous, puisque c’était une fée, comment ne savait-elle pas le nom des parents de Marthe ? Les fées ne savent-elles pas tout ? Attendez un peu et je vais vous répondre. » –, Legendre, en bon conteur, dirige la façon de recevoir ce qu’il écrit. Et le résultat est loin d’être mauvais même si l’auteur ne se démarque guère du conservatisme de son siècle. [JPw]

  • Source : Le XIXe siècle fantastique en Amérique française, Alire, p. 115-116.