À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Une femme peintre essaie de dessiner son corps sur la toile mais chaque fois, un bruit de verre cassé l’interrompt et l’empêche de s’inventer complètement. Elle se rend compte bientôt que c’est son propre corps qui est sur le point de s’effriter en mille morceaux.
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Commentaires
« Fêlures » d’Aude représente en quelque sorte la quintessence du recueil Banc de brume dont cette courte nouvelle est tirée. La narratrice incarne le destin des héroïnes de l’auteure qui sont aux prises avec des problèmes d’identité. Incapables de s’affirmer par elles-mêmes, elles doivent lutter contre l’indifférence générale pour ne pas disparaître.
Leur intégrité physique est menacée par leur incapacité à établir une communication durable avec l’homme. Dans « Fêlures », l’héroïne tente de pallier cette lacune en peignant une représentation d’elle-même sur la toile mais son corps s’effrite en mille morceaux avant qu’elle parvienne à le reconstruire.
L’auteure utilise l’image du verre pour illustrer la fragilité et la vulnérabilité de la femme réduite à l’existence d’un objet. Or, la protagoniste de « Fêlures »ne peut même pas prétendre investir le domaine de la représentation picturale, seule planche de salut qui pourrait faire en sorte qu’elle existe par le regard qu’on poserait sur elle.
Ce destin tragique, qui n’arrive même pas à susciter chez la narratrice un sentiment de révolte, semble montrer qu’Aude ne partage pas l’optimisme de celles qui croient que le féminisme a fait progresser la cause des femmes.
Pessimisme ou lucidité ? En tout cas, l’auteure ne se berce pas d’illusions. [CJ]
- Source : L'ASFFQ 1990, Le Passeur, p. 8-9.