À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Une femme magnétisée par l’appel du large aurait fait glisser son corps dans le fleuve, presque malgré elle, passant ainsi de l’autre côté des choses. On suit les traces du drame pas à pas, tentant d’en comprendre le déroulement, tandis qu’elle voyage sous l’eau, une écharpe au cou. À moins qu’elle se trouve encore, pensive, devant son chevalet, s’acharnant pour la énième fois à peindre un camaïeu d’absence…
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Commentaires
Toute poétique qu’elle soit, cette brève nouvelle de près de deux pages parvient à prendre les allures d’une enquête et d’une expertise judiciaires truffées de faits où empreintes, fibres et témoignages rendent compte de chaque pas, chaque geste, chaque hésitation. Le rationnel si bien appuyé ne parvient jamais à subroger un surnaturel latent qui débouche sur le franchissement de la limite extrême. La thématique de la solitude et de la détresse, ainsi que celle de la relation à l’homme, sont à peine esquissées : du Aude à son meilleur. À elle seule, la dernière phrase : « Comme si, dans la mort, on demeurait vivant », dit tout de l’état de cette femme, sans toutefois souligner le possible à grands traits.
L’auteure effleure, orne avec fugacité et en révèle juste assez afin que l’on devine que la femme fleuve, celle qui, en tant que « fleuve », ne connaît aucune limite dans l’espace ou dans le temps, puisse se noyer dans une hallucination spéculaire pour se calfeutrer dans une lucidité pire que la mort. Ici, aucune preuve scientifique, aucun indice, aussi documentés soient-ils, ne pénétreront l’arcane d’un fantastique livré tout en douceur. Heureux tracé dichotomique. [MN]
- Source : L'ASFFQ 2000, Alire, p. 10-11.