À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Une femme dans une salle d’attente. À plusieurs reprises, on l’appelle, on l’interroge et on la reconduit dans cette pièce. Puis, tout à coup, elle revoit l’homme qu’elle a aimé. Et apparaît sur le télécran le signalement de la femme arrêtée pour déviance morale.
Commentaires
Même si le nom de la femme n’est jamais prononcé, on devine rapidement son identité. D’abord, des rats en cage, puis la novlangue et les deux minutes de haine. Aucun doute, on est bien dans l’univers d’Orwell. Et le délit d’amour commis par la femme est bien un crime politique aux yeux du régime de Big Brother.
Claudine Bertrand a eu l’idée de réécrire en quelques pages l’épilogue de 1984 à travers le prisme de ses préoccupations féministes d’écrivaine et de directrice de la revue Arcade. Le professeur profite également de la situation car sa fiction repose essentiellement sur l’intertextualité comme cela est fréquent dans les textes des écrivains qui enseignent au cégep ou à l’université.
Le féminisme de l’auteure l’amène à conclure, si j’ai bien compris, que contrairement à Winston qui rentre dans le rang, Julia continue à opposer une résistance farouche au régime totalitaire au prix même de sa vie. Façon d’affirmer que l’amour, considéré ici comme un acte déviant, est une valeur à laquelle la femme attache plus d’importance que l’homme. Serait-ce là une manière pour Claudine Bertrand de répliquer à ce que les féministes appellent la misogynie d’Orwell ?
Il y a dans ce texte, qui aurait pu être signé Aude, un noyau dur qui demeure coincé dans la gorge du lecteur. [CJ]
- Source : L'ASFFQ 1992, Alire, p. 23.