À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Un critique de cinéma a l’insigne honneur de rencontrer sur son lit d’hôpital un mythique réalisateur qui a cessé de tourner il y a trente ans et qui n’a pas accordé d’entrevue depuis ce jour. Le journaliste lui demande la raison pour laquelle il a délaissé son art. Le vieux Maître lui explique que c’est à cause d’un figurant qui a participé à son dernier film, figurant qui, a-t-il découvert par la suite, était présent dans tous les chefs-d’œuvre de l’histoire du cinéma.
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Commentaires
Nombreuses sont les œuvres littéraires qui anticipent la disparition du livre mais plus rares sont celles qui annoncent ou craignent la mort du cinéma. « Le Figurant » est de celles-là. La nouvelle de Denis Desjardins est un hommage nostalgique à l’art par excellence peut-être du XXe siècle. Comment s’en étonner quand on sait que l’auteur était un collaborateur de la revue Séquences au moment d’écrire ce texte ?
Denis Desjardins exprime dans ce récit d’anticipation son amour du cinéma en évoquant des scènes célèbres sans mentionner le titre du film ou le nom du réalisateur. Le texte prend la forme d’un jeu de pistes, sinon d’un test sur les connaissances cinéphiliques du lecteur. On y reconnaît les chefs-d’œuvre du septième art depuis ses débuts : Le Cuirassé Potemkine d’Eisenstein, Citizen Kane d’Orson Welles, Ben-Hur de William Wyler, Métropolis de Fritz Lang, Psycho d’Alfred Hitchcock et quelques autres. Ce n’est pas le moindre plaisir que procure ce texte.
Le fil conducteur de ces films cultes est un figurant, personnage anonyme qui traverse près d’un siècle d’images animées, merveilleuse incarnation d’un art qui repose sur la contribution d’une équipe d’artisans. Ce figurant muet, c’est l’âme du cinéma.
Écrit en 1993, « Le Figurant » présente un avenir sombre pour le cinématographe. Même si le récit se déroule en 2025, il est difficile toutefois de partager le pessimisme de Denis Desjardins, le cinéma ne me paraissant pas à la veille de disparaître. Sans doute l’auteur voulait-il faire état de « l’hollywoodisation » du cinéma, représentée dans son texte par la « cinéholographie », au détriment du cinéma d’auteur.
Publiée dans RupTures, revue des trois Amériques qui a paru de 1992 à 1998, la nouvelle de Denis Desjardins est aussi offerte en traduction espagnole dans ce même numéro. [CJ]
- Source : L'ASFFQ 1993, Alire, p. 73-74.