À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Orléane visionne quelques notes tirées de son journal. Elle revit en mode pensée une rencontre avec Graziella, une amie à qui elle avait décrit le fonctionnement de la CUI-T – organisme qui rallie autour de mêmes grands objectifs humanitaires, des gens de tous pays, de tous milieux et de tous âges. Orléane croit que les hommes accéderont au bonheur par la connaissance. Elle présente Graziella à Lherbier, personnage qui joue un rôle de premier plan dans l’élaboration du projet Janflag auquel est associée la CUI-T, et projet qui, espère-t-on, mènera à l’avènement d’une société meilleure.
Commentaires
André Trognée nous présente, dans ce long récit, un monde en pleine mutation, un monde dans lequel les préoccupations humanitaires et l’intérêt pour le développement scientifique et intellectuel semblent près de l’emporter sur les valeurs matérialistes et mercantilistes générées par la recherche de pouvoir et de profit. « Flash 17 » se situe dans le prolongement du projet de société utopique esquissé par l’auteur dans « L’Effet SciSoTech » (imagine… 42). Trognée met en scène le même personnage féminin, Orléane, de retour du Contrasta. Divers organismes qui travaillent pour le mieux-être de l’individu et de la collectivité se sont, depuis ce temps, regroupés puis développés pour finalement constituer une force politique et sociale importante.
Les restructurations qui touchent la société sont de très près liées à la réalisation du projet Janflag, qui consiste en la construction de quatre vaisseaux à des fins d’exploration spatiale. Précisons toutefois que le but ultime du projet est l’accession au bonheur et à la paix universelle. C’est un peu comme si l’accession à l’ailleurs et à l’inconnu (autrement dit à tous les possibles) allait favoriser une meilleure communication avec soi-même et un renouvellement en profondeur. Les travaux de préparation du projet Janflag agiraient dès lors à plus d’un niveau.
« Flash 17 » décrit donc une société utopique en devenir. Il ne faudra guère se surprendre de retrouver dans ce texte maintes discussions, explications, argumentations et réflexions qui ont pour unique souci de présenter et de défendre la thèse utopiste (réorganisation de l’emploi du temps de manière à ce que tous se sentent valorisés, un minimum assuré à tous, etc.). Aucune action, aucun suspense. Et les personnages sont sans consistance et sans relief. Graziella surtout oppose un bien faible contre-discours à Orléane et à Lherbier.
Même si certaines des idées émises par Trognée méritent examen, on peut déplorer un manque de rigueur dans l’articulation de l’ensemble : la première partie du récit consacrée à la CUI-T et la deuxième au projet Janflag s’agencent mal l’une à l’autre ; le rôle véritable de la FME reste flou. Quant à Orléane et Graziella, elles réussissent à rencontrer Lherbier, un “symbole vivant” quasi inaccessible, avec une facilité déroutante. Enfin, parlant des enfants avec lesquels elle partage son logement, Orléane dira qu’ils ne lui “appartiennent” pas. Un mot qui, compte tenu des fondements mêmes de la CUI-T (dénégation du sens de la propriété, importance accordée aux relations humaines et au respect de l’autre), ne convient pas du tout. La surcharge de détails porte de plus à certaines confusions, maladresses et à des lourdeurs stylistiques qui nuisent à la lecture.
Que dire en guise de conclusion sinon que la tentative d’André Trognée est fort louable, mais que le résultat ne paraît guère convaincant ? Le texte aurait gagné à davantage de finition stylistique et de rigueur. [RP]
- Source : L'ASFFQ 1990, Le Passeur, p. 190-191.