À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Roch, quinze ans, voulait être coiffeur comme son père, mais il développe une grave allergie à tout ce qui rappelle les cheveux de Rose sa mère. Il déniche un emploi dans un abattoir clandestin, ce qui aggrave sa maladie. Grâce à un régime alimentaire composé de feuilles et de tiges, il est subitement guéri. Il devient fleuriste et se nourrit uniquement de plantes jusqu’au jour où il s’empoisonne volontairement avec l’une d’elles. Rose boira ses restes sous forme de tisane.
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Commentaires
Un texte fascinant qui met en opposition le monde animal et végétal. Une des richesses de cette nouvelle se trouve dans le pouvoir évocateur des descriptions. Robert Baillie, en effet, connaît bien sa flore laurentienne, et son érudition ferait plaisir au frère Marie-Victorin. Par contre, les amateurs de sensations fortes et d’actions rocambolesques risquent d’être déçus.
La force du récit, c’est le dynamisme interne de l’écriture accentué par des jeux de répétitions qui tissent des liens entre les paragraphes. Le texte n’est pourtant pas construit d’un seul bloc. Il se divise en deux parties que j’appellerais : le récit-père et le récit-mère.
Dans la première partie, Roch se découvre une allergie envers ce qui représente la masculinité et l’animalité (poils, cheveux, fourrure) représentées par son père. C’est peu à peu qu’il découvre le remède de cette maladie et il se met à consommer des plantes (symbole nettement plus féminin) qui le guériront. Ensuite, il assume pleinement son besoin de féminité et de végétaux en devenant fleuriste. Notons qu’il donne à sa boutique, où il vit en permanence, le nom de sa mère. Il "habite" donc à nouveau celle-ci. Ce processus d’assimilation de la féminité par le biais des fleurs le mènera à la mort. Roch retournera littéralement à sa mère à la fin du récit, puisqu’elle le boira avant d’en mourir. On assiste là à une forme de cannibalisme incestueux qui n’a d’autre conclusion que l’annihilation de ceux qui la pratiquent.
À ce niveau, une lecture psychanalytique de la nouvelle « Le Fleuriste » pourrait procurer beaucoup de plaisir à certains lecteurs. Par les réseaux symboliques qu’elle exploite à profusion, on pourrait dire qu’elle revêt un caractère quasi mythique. [MP]
- Source : L'ASFFQ 1988, Le Passeur, p. 19-20.