À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Alors qu’il est encore dans le ventre de sa mère, celui qui se nommera Marc ressent la douleur de celle-ci qui vient de perdre son fils de six ans. Le liquide amniotique dans lequel il baigne prend le goût des larmes.
Commentaires
J’ai hésité à classer « Le Fœtus » dans le corpus fantastique en raison de la minceur de son contenu fantastique. Toutefois, de la même façon qu’un récit narré par un mort devient fantastique, un fait décrit par un fœtus devrait l’être.
L’autre raison – plus importante encore – qui m’a incité à considérer ce texte comme fantastique est qu’il fait partie, à mes yeux, d’un triptyque qui expose trois étapes dans la constitution d’une conscience de conteur : l’éveil des sens (particulièrement le goûter) au stade de fœtus, la participation à l’univers merveilleux par l’entremise d’un vol magique au cours de l’enfance (« Ma chasse-galerie ») et la subordination du monde réel à l’imaginaire à l’âge adulte (« La Souris des conteurs »).
Ce très court texte qu’est « Le Fœtus » constitue en fait l’acte de naissance du conteur Marc Laberge. Je ne sais si l’histoire de son frère décédé est véridique, mais ce qui est certain, c’est cette volonté de fabrication d’un mythe personnel qui fait partie d’une stratégie visant à accréditer sa sensibilité de conteur et à légitimer sa future pratique.
Que le conteur en devenir ait goûté dans le ventre de sa mère les larmes versées par celle-ci à la suite de la mort de son fils aîné, on peut certainement en douter. Cette prétention, cependant, en fait un être d’exception et cette façon de se voir est essentielle au conteur quand il a la révélation de son don. [CJ]
- Source : L'ASFFQ 1994, Alire, p. 93-94.