À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Nous sommes en 1814, sur les bords de la rivière Madeleine, en Gaspésie. Quelques familles sont installées à cet endroit. Le patriarche de la place raconte aux enfants Boulay, Antoinette, Thomas et Daniel, la légende du Braillard qu’on entend gémir dans la forêt depuis très longtemps. Ce serait le fantôme de Marguerite de Roberval, son époux l’aurait abandonnée dans la région avec son amant pour la punir de sa faute. Mais il y a d’autres explications…
Quelque temps après, les enfants échappent de peu à la noyade grâce à la présence de deux bouleaux. Deux jours plus tard, Thomas et Daniel retournent sur les lieux de la tragédie et identifient les arbres à qui ils doivent la vie. Ceux-ci leur racontent les événements qui se sont produits plus de soixante ans plus tôt, au début de l’invasion de la Nouvelle-France par le général Wolfe. À cette époque, dans la seigneurie du sieur Mahiet vivait un Breton qui se disait druide. Celui-ci expliqua à deux jeunes garçons, Mathurin et Thomas Quesnel, que dans un lointain passé, lors d’une bataille, un druide avait transformé ses gens en arbres pour qu’ils puissent mieux combattre l’envahisseur venu sur leurs terres.
Un peu plus tard, pendant l’absence du seigneur, on apprend que deux régiments d’Anglais viennent de débarquer à Gaspé et qu’ils remontent les terres en détruisant tout sur leur passage. Guillaume, le druide, organise une résistance et propose à ceux qui l’ont suivi de se déguiser en arbres pour surprendre l’ennemi. Puis, il transforme les hommes en arbres divers selon la personnalité de chacun. Les deux fils Quesnel deviennent des bouleaux.
En escale à Madeleine, bien décidé à éliminer le Braillard, l’abbé Pinchaud part, armé d’une hache. Il revient un peu plus tard avec la promesse que le Braillard ne gémira plus. Les enfants se précipitent dans la forêt pour constater que les bouleaux sont intacts.
Commentaires
Une note de l’auteur à la fin de La Forêt qui marche explique que l’histoire est basée sur plusieurs faits véridiques. Et effectivement, c’est peut-être l’aspect le plus valable du roman. Les notations sur l’époque, les petits détails importants sur nos origines ethniques et culturelles, tout cela est très intéressant. Les détails sur l’ancienne mythologie celte sont également fascinants par bien des côtés. De plus, l’écriture est simple et relativement élégante, ce qui n’enlève rien au plaisir. L’auteur reste au niveau de ses lecteurs (« à partir de dix ans » précise-t-on en quatrième de couverture) sans les considérer comme des demeurés. C’est tout à son honneur.
Où le bât blesse cependant, c’est dans la construction. Pour des raisons qui apparaissent peu claires au signataire de ces lignes, l’auteur a cherché à créer une forme de suspense en jouant sur les flash-back et les types de narration. Le jeu d’alternance entre les deux époques (début dix-neuvième et milieu dix-huitième) rend sans doute l’identification avec les personnages difficile pour le jeune lecteur, d’autant plus que ceux-ci manquent d’individualité. D’autre part, le découpage des gestes de l’abbé Pinchaud me semble inutile. Son personnage et ses actions sont trop dispersés pour soutenir un suspense efficace. Enfin, pour un jeune lecteur, il est bien possible que la fin demeure un peu obscure.
Malgré cela, un roman pas du tout désagréable à cause de l’originalité de son projet et qui contient quelques bonnes pages. On jettera sans doute un coup d’œil au précédent roman jeunesse de Boucher, La Fusée d’écorce, chez le même éditeur. [GS]
- Source : L'ASFFQ 2000, Alire, p. 26-27.