À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Jérémie et Capucine habitent La Montagne-Bleue, un charmant village de la Gaspésie. Quand le père de Jérémie, un pilote de ligne, annonce qu’il doit effectuer un vol vers Paris à l’été, Jérémie manifeste vivement son désir de l’accompagner, mais la permission lui est refusée. Passionné du ciel et de l’espace, il entreprend alors, avec sa cousine Capucine, de construire une fusée en cachette pour voyager à sa manière. Sur la grève, le moyen de transport prend vie et les deux enfants profitent d’une nuit passée sous la tente pour gagner l’engin et actionner les cadrans de leur machine. S’inspirant de la légende « La Chasse-galerie », ils formulent à voix haute la promesse de nourrir un chat au cours de leur voyage si la Fée Chat leur accorde de se rendre en France. La magie fonctionne et la fusée les conduit à Paris où Jérémie laisse une lettre à son père, prouvant leur passage. Malgré le décalage horaire et après être parvenus à nourrir un chat, ils regagnent leur coin de pays. Au matin, ils racontent leur incroyable voyage à leur famille, médusant également, outre-mer, le père de Jérémie. L’histoire fait ensuite le tour du village, en laissant plusieurs sceptiques.
Commentaires
Le premier roman de cet auteur passionné par la tradition orale est inspiré par ses origines gaspésiennes. Le récit est imprégné de contes et de légendes traditionnels de la région, comme l’histoire du chat enfermé dans la pierre ayant donné son nom à la ville de Cap-Chat. L’existence d’une Fée Chat dont cette légende fait état, de même que la présence d’un canot d’écorce volant et la promesse formulée dans « La Chasse-galerie » nourrissent les agissements des protagonistes. De même, des mots issus d’un vocabulaire ancien typique de la Gaspésie sont employés par le grand-père qui donne notamment au chat le nom de « Quetouche ». Le vieil homme possède également des connaissances à la limite de la science et de la superstition. Il est alors question d’interprétations météorologiques où, par exemple, l’ouverture du « chemin St-Jacques » (la Voie lactée) est présage de beau temps.
Malgré l’influence de la légende et la présence de croyances superstitieuses, il faut attendre le dernier chapitre avant que l’incroyable se produise et que le voyage fantastique à bord de la fusée ait lieu, donnant naissance à une nouvelle légende. Narrée au « je » par le chat de Capucine, l’intrigue connaît en effet un déroulement lent. L’animal narrateur revient sur des événements s’étant déroulés six mois auparavant et voit son récit entrecoupé par les aléas de la vie quotidienne. Sautant du coq à l’âne et d’un temps à un autre, il construit un récit décousu avant d’en venir à la finale annoncée.
Grâce à ses connaissances de l’histoire de la région et des légendes, le félin tente de recréer l’atmosphère du village gaspésien. Sa culture est d’ailleurs justifiée par son intérêt pour les livres, mais le ton peu homogène qu’il emploie oscille entre une parlure folklorique, éloquente et émaillée d’expressions traditionnelles et une écriture simple, parfois maladroite. En ce sens, il mentionne que Capucine réplique « de manière à cultiver sa confiance et celle de son amie » ou indique que Jérémie, qui emploie le mot « capoter », raconte son histoire « en utilisant le nouveau vocabulaire qu’il venait de découvrir. C’était celui à la mode. » De manière étrange, au dernier chapitre, l’écran d’ordinateur de la fusée affiche aussi diverses informations sous la forme d’un texte suivi ou en assumant soudainement la narration de l’histoire.
Décidé à recréer l’ambiance envoûtante de la Gaspésie et nourri de l’imaginaire riche des contes et légendes, le roman souffre toutefois d’une écriture inégale et d’un déroulement lent laissant trop de place à un quotidien peu inspirant. [SD]
- Source : L'ASFFQ 1995, Alire, p. 37-38.