À propos de cette édition

Éditeur
UQAM
Genre
Fantastique
Longueur
Feuilleton
Paru dans
Montréal Campus, vol. XV, n˚ 6
Pagination
19
Lieu
Montréal
Année de parution
1994
Support
Fac-similé

Résumé/Sommaire

Un homme trouve un manuscrit abandonné près d’un banc public. Le texte raconte l’angoisse du narrateur à la tombée de la nuit qu’il déteste, angoisse décuplée maintenant par l’apparition d’une forme humaine sur la voûte obscure du ciel. Chaque fois qu’il l’aperçoit, il est terrorisé et sa vision se termine, avant qu’il ne sombre dans le sommeil ou qu’il ne perde connaissance, sur la petite aiguille d’une horloge que la créature avance de quatre chiffres.

Commentaires

Le manuscrit trouvé par le promeneur constitue la majeure partie de « Gardienne de la nuit ». On peut légitimement entretenir des doutes sur la santé mentale de celui qui témoigne de ses visions mais la fantasticité de la nouvelle se confirme à la toute fin quand le deuxième narrateur – celui qui fait état de sa lecture du manuscrit – aperçoit dans le ciel la silhouette de la femme évoquée dans les feuillets. En outre, la contraction du temps contribue à créer l’effet fantastique car la lecture – une dizaine de pages – aurait dû être terminée bien avant la nuit.

Une impression bizarre, un sentiment d’étrangeté se dégage aussi de la nouvelle de Jean-François Simard dont la source relève davantage, à mon avis, de la maladresse de l’écriture du récit enchâssé que des événements qu’il rapporte. La façon dont le premier narrateur décrit sa maison nous amène à nous interroger sur sa nature profonde. Est-ce un animal doué d’une conscience ou un être humain ? Voyez la description du lieu où il habite : « Sous ce talus ou plutôt sous les arbustes le recouvrant, j’ai aménagé ma niche. J’ai une chambre à coucher, la plus grande de toutes mes pièces, qui est recouverte d’un tapis de feuilles mortes et d’une chaude couverture de laine pour les nuits froides. » Un couloir débouche sur une ouverture soigneusement dissimulée. Ne dirait-on pas un terrier ?

Par ailleurs, on se demande pourquoi il est effrayé par l’apparition de la forme féminine. Compte tenu des agissements de cette silhouette évanescente, le narrateur n’est pas justifié de se poser cette question : « Avait-il vécu toutes ces horreurs ? » Quelles horreurs ?

Certes, on comprend que cette créature, la Gardienne de la nuit, profite de l’obscurité ou du sommeil pour avancer de quatre heures l’horloge de la vie et, par conséquent, pour raccourcir d’autant la durée de l’existence. L’auteur actionne des ressorts plutôt mous qui n’arrivent pas soutenir une tension capable de nous émouvoir ou de nous effrayer. La réaction de peur du premier narrateur apparaît démesurée.

En résumé, un texte au climat plutôt envoûtant mais aux intentions brumeuses qui restera sans suite puisque c’est le seul qu’on connaît de Jean-François Simard. [CJ]

  • Source : L'ASFFQ 1994, Alire, p. 169-170.