À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Un groupe de quatre chevaliers consulte un vieil oracle avant de traverser un prodigieux ravin. Le devin déconseille de franchir le pont qui surplombe le gouffre, sous peine de rencontrer d’insurmontables périls. Malgré cet avertissement, les chevaliers ne renoncent pas à leur entreprise.
Cependant, le vieil homme, qui agonise, fait des confidences afin de mourir en paix avec lui-même : il affirme être un charlatan et invite les chevaliers à ne rien croire de ses vaticinations. Après qu’il ait trépassé, les autres poursuivent leur chemin assaillis de doutes : l’oracle n’avait-il pas vraiment accompli quelques prodiges ?
Commentaires
Il s’agit ici d’un spécimen assez curieux de récit qui ressortit au fantastique épique. En règle générale, les auteurs de ce genre de textes prennent plaisir à imaginer de luxurieux développements, à inventer des rebondissements toujours imprévus et se complaisent à décrire minutieusement dans un récit circonstancié les moindres actions de leurs héros. Le Grand Dérangement s’écarte de cette ligne de conduite sur plusieurs points : il est remarquablement court, et son intrigue repose plus sur une interrogation que sur une action (en d’autres mots, le conatif l’emporte sur le performatif). Le narrateur ne rompt toutefois pas totalement avec la tradition : il ne se prive pas du plaisir d’évoquer l’atmosphère inquiétante, de dépeindre le lugubre décor et les vaillants personnages dans un style convenu, sinon consacré. La conclusion de la nouvelle, qui ne résout pas l’ambiguïté de l’identité de l’oracle, s’éloigne aussi des finales habituelles.
En somme, cette nouvelle mine les conventions propres aux récits de fantastique épique au moyen d’une structuration inattendue du texte plus encore que par la thématique. Et le résultat, ma foi, n’est pas sans intérêt. [LM]
- Source : L'ASFFQ 1990, Le Passeur, p. 110-111.