À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Acte I. Un prédateur se raconte. Il dit comment il apprête ses proies avant de les ingérer. Acte II. Il parle de son ascèse, lui qui vit la plupart du temps la tête enfouie dans le sable. Acte III. Il cherche l'illumination en s'enfonçant dans les entrailles de la terre.
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Commentaires
Ce texte prenant d'André-Guy Robert rappelle l'atmosphère d'un roman de Négovan Rajic, Les hommes-taupes, sauf que l'expérience du narrateur de La gravité est d'abord et avant tout personnelle. Celui-ci n'agit pas : il est agi par sa nature comme les héros des tragédies grecques sont guidés par le destin.
Il y a dans la description de l'existence du prédateur une portée mystique qui donne au récit un caractère sacré. Cette pratique de la vie fondée sur l'ascèse et la foi inébranlable prend l'aspect d'une célébration hiératique établie de tout temps.
L'écriture contribue dans une grande mesure à la rigueur qui caractérise le projet de Robert. L'absence de paragraphes traduit l'isolement du narrateur qui présente une façade lisse sur laquelle le monde extérieur n'a aucune prise.
Ce texte dense, étouffant et froid, qui s'interdit tout lyrisme et toute complaisance, se place sous l'aile tutélaire de Kafka. Cette parenté n'enlève rien à la qualité de l'écriture de Robert qui sait créer une atmosphère grave et solennelle.
Un texte qui ne laisse aucune place au doute et aux questionnements tant le déterminisme est ancré profondément dans l'être. Un texte lisse comme un caillou poli par le sable. [CJ]
- Source : L'ASFFQ 1984, Le Passeur, p. 80-81.