À propos de cette édition

Éditeur
Québec/Amérique
Titre et numéro de la collection
Clip - 13
Genre
SFF
Longueur
Recueil
Format
Livre
Pagination
158
Lieu
Boucherville
Année de parution
1993
ISBN
9782890376588
Support
Papier
Illustration

Commentaires

Première publication jeunesse de Michel Bélil, La Grotte de Toubouctom est un recueil de treize nouvelles de fantastique et de science-fiction pour adolescents. Bien que la très grande majorité de ces textes ne soient pas des inédits, l’idée de les regrouper en recueil apparaît judicieuse puisque cela permet de réunir en un seul volume des nouvelles de même genre, s’adressant à un même public, et auparavant disséminées dans plusieurs revues. Ayant été écrites à plusieurs années d’intervalle – douze ans séparent, par exemple, la parution du « Noëllier » (1980) de celle du « Jardinier servant » (1992) –, il est certain que ces récits sont très différents les uns des autres. Toutefois, le recueil se divise en trois parties qui permettent de dégager certaines ressemblances entre les nouvelles. La première section, intitulée Entre ciel et terre, comprend surtout des nouvelles de science-fiction où il est question d’autres univers que le nôtre : la nouvelle éponyme évoque le monde inquiétant de Toubouctom ; « L’Angle parfait » se déroule dans un univers où les traits rectilignes n’existent pas ; « La Maison aux quatre saisons » met en scène des Trigmukiens et « Le Noëllier » nous parle de Spectriens. Dans tous les cas, cependant, le monde étranger entre en contact avec notre univers, ce qui vient justifier le titre du chapitre.

Dans la deuxième partie, Tremblement de terre, il n’y a qu’une seule nouvelle de science-fiction, « Le Soufflemot ». Les cinq autres textes sont des récits fantastiques qui partagent un trait commun : ils entretiennent un climat très réaliste jusqu’à la fin. Ce n’est qu’à la chute des nouvelles que survient l’élément fantastique qui vient ébranler le réalisme. Précisons qu’à cet égard, « Le Mouton noir de la famille » est une nouvelle particulièrement réussie. La troisième section du recueil, finalement, Terre ! terre !, comporte une seule nouvelle, « Treize à la douzaine ». Il s’agit d’un texte fantastique où, encore une fois, l’atmosphère demeure réaliste jusqu’à la fin. Ce qui différencie ce texte des autres, cependant, est le fait qu’il s’agit de la seule nouvelle où le fantastique découle d’un court-circuit temporel. L’histoire se déroule sur l’île d’Orléans où une jeune femme vend les produits de sa terre, ce qui explique sans doute l’intitulé du chapitre.

Malgré la diversité de ces nouvelles, deux thèmes les traversent pratiquement toutes : la solitude et la dépossession. Les personnages des récits sont souvent des êtres esseulés, marginalisés – c’est fréquemment le cas dans les textes fantastiques –, qui ont perdu des membres de leur famille ou quelque chose d’important à leurs yeux. Dans la première partie de l’ouvrage, où l’auteur met surtout en scène des enfants et des adolescents, l’aventure occupe aussi une place importante. Le tout est écrit dans un style simple et clair où domine la phrase courte. L’ensemble est agréable à lire, car Michel Bélil maîtrise l’art de la nouvelle, il sait ménager ses effets. Ses personnages sont bien définis, ils possèdent une épaisseur malgré la brièveté des textes (exception faite de la nouvelle « L’Angle parfait », qui aurait gagné à être travaillée davantage sur ce plan). En outre, ce qui ne vient rien gâcher, l’auteur possède beaucoup de vocabulaire ; nous avons dû, à quelques reprises, chercher la définition de certains mots dans le dictionnaire. De bonnes nouvelles de science-fiction et de fantastique, donc, desquelles se dégage une atmosphère étrange, inquiétante, même dans le cas des nouvelles plus ludiques. Si nous avons une réserve, c’est au sujet des néologismes : l’auteur les définit systématiquement, ce qui vient rompre l’illusion référentielle. Malheureusement, il s’agit là d’un piège où tombent encore beaucoup trop d’auteurs de science-fiction. [SN]

  • Source : L'ASFFQ 1993, Alire, p. 11-14.

Références

  • Anonyme, Littérature québécoise pour la jeunesse 1993, p. 35.
  • Anctil, Mélissa, imagine… 71, p. 134.
  • Dupuis, Simon, Lurelu, vol. 16, n˚ 3, p. 20.
  • Fecteau, Mario, Temps Tôt 28, p. 43-44.
  • Lortie, Alain, Solaris 108, p. 61.