À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Dans cet hôtel, les chambres sont suspendues, un double escalier donne sur un mur plein, et deux gigantesques rats en habits de gala exécutent à longueur de journée les quelques mêmes pas de danse. La nuit venue, les rats danseurs (en fait des hommes déguisés), excités et affamés, donnent libre cours à leurs pulsions “animales”. Ce soir-là, le directeur de l’hôtel s’est endormi dans son fauteuil, au pied de l’escalier…
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Commentaires
Hébert décrit ici un univers clos, l’hôtel, où les jours et les nuits représentent deux caractères opposés de la nature humaine : la raison (la rationalité) et l’instinct (l’animalité). Le jour met en scène le “construit” de l’homme alors que la nuit libère les pulsions longtemps réprimées. Près de la moitié du texte consiste en une description de l’architecture du grand hall. Les rouages de l’hôtel ainsi mis à nu évoquent une vaste machine au centre de laquelle les rats, par l’exécution d’une danse mécanique, régleraient la marche du temps.
Après avoir embrassé du regard le grand hall et rappelé les étranges mœurs de ce lieu, le narrateur omniscient s’éclipse pour laisser la parole à l’un des deux rats danseurs. Et l’on sent dès lors gonfler, dans l’attente interminable du soir, toute l’animalité du JE, comme si la danse avait tendu le ressort d’un quelconque mécanisme de frustration. La nuit approche, et l’on sent l’imminence du dérèglement de tous les sens. Les fantasmes se libèrent peu à peu de l’emprise du jour.
Près de dix ans après sa parution en version originale, « L’Hôtel » de Louis-Philippe Hébert exerce toujours une grande fascination sur le lecteur. L’auteur maîtrise bien l’écriture, et la richesse de l’imaginaire impressionne. Ce texte mérite d’être lu et relu. [RP]
- Source : L'ASFFQ 1987, Le Passeur, p. 95-96.