À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Le père Michel raconte s’être jadis associé à l’Amérindien Ikès pour une saison de chasse. Un « jongleur » est un sorcier et, comme tous les jongleurs, Ikès avait son démon familier, un « mahoumet ». Au cours de la saison, le mahoumet est apparu à Ikès, lui reprochant de ne pas lui avoir rendu grâce d’une chasse jusque-là prospère, et menaçant de le ruiner. Dès le lendemain, Ikès se met à jeûner et à faire des offrandes à son mahoumet, puis la chasse recommence à être bonne. Son mahoumet lui refile même un tuyau au sujet de l’Algonquin, son ennemi de vieille date : l’homme est allé chasser seul, sans la protection de sa vieille mère (elle aussi jongleuse). Ikès en profite pour lui jeter un sort : il dessine sa silhouette sur une couverture puis il la pince, infligeant à son adversaire des douleurs terribles au ventre. Mais l’été suivant, le père Michel apprendra la mort d’Ikès, dans de longues souffrances attribuables soit à son propre mahoumet, soit à un sort jeté par la mère de l’Algonquin.
Autres parutions
- Ikès le jongleur (2010) - Nouvelle
- Ikès le jongleur (2007) - Nouvelle
- Ikès le jongleur (2006) - Nouvelle
- Ikès le jongleur (2002) - Nouvelle
- Ikès le jongleur (2001) - Nouvelle
- Ikès le jongleur (1997) - Nouvelle
- Ikès le jongleur (1987) - Nouvelle
- Ikès le jongleur (1981) - Nouvelle
- Ikès le jongleur (1975) - Nouvelle
- Ikès le jongleur (1964) - Nouvelle
- Ikès le jongleur (1946) - Nouvelle
- Ikès le jongleur (1884) - Nouvelle
Commentaires
Le principal intérêt de ce conte est ethnologique. Il est lardé de mots en italiques soulignés par Taché lui-même, mots parfois expliqués, parfois laissés à la perspicacité du lecteur qui doit les interpréter d’après le contexte. Certains, bien sûr, figuraient encore au vocabulaire de nos parents ou de nos grands-parents ; d’autres sont des curiosités et c’est le mérite de ce texte que de nous les apprendre.
Cela dit, « Ikès le jongleur » a tous les ingrédients du conte traditionnel, y compris cette justice rétributive qui châtie ceux qui ont eu la témérité de faire un pacte avec le diable, fût-il un bien modeste diablotin. Mais la morale ici n’est pas appuyée comme dans un conte édifiant, et les valeurs religieuses ne sont pas mentionnées.
Taché n’est pas le seul auteur à aborder l’Amérindien par le biais d’une opposition qui existerait entre les « sauvages infidèles » et les « sauvages chrétiens ». Le pouvoir des jongleurs, explique-t-il dès les premières lignes, peut s’exercer contre les premiers mais non contre les seconds (ni contre les Blancs). Comme dans la légende du Grand Serpent, de Philippe Aubert de Gaspé (où le « petit manitou » des Hurons était explicitement confondu avec le diable), l’Amérindien de Taché n’a de pouvoir que celui prêté par le diable ou par un diablotin (que Taché désigne indifféremment « gobelin », « lutin », « génie familier », « esprit » ou « manitou »). L’Amérindien en soi n’a donc pas de pouvoir ; s’il en démontre, c’est forcément par alliance avec le mal ; s’il l’exerce, cela finit immanquablement par lui être néfaste. [DS]
- Source : Le XIXe siècle fantastique en Amérique française, Alire, p. 192-193.