À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
L’un, le Dr Merle – le « savant fou » du titre –, est un zoologue qui mène des expériences bizarroïdes sur les animaux. L’autre, Monsieur Toc, est un ancien gardien de jardin zoologique affichant des connaissances étonnamment étendues sur tout ce qui a trait à la gent animale. Or Merle a besoin de cette expertise pour finaliser ses travaux délirants et fait donc enlever l’ex-gardien. Maxime et son amie Jo sont par hasard entraînés eux aussi sur l’île du savant fou. Nos trois insulaires forcés constateront vite que la mégalomanie dudit savant a atteint un stade dangereux. L’île est en effet peuplée de créatures fabuleuses, effrayantes : dragon, licorne et autre cheval ailé, tous issus de manipulations scientifiques. On se doute que l’existence de cette faune ne saurait être bénéfique pour la planète…
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Septième titre de la série « Maxime », L’Île du savant fou repose sur du « matériel » connu, principalement Le Parc jurassique, de Michael Crichton, et L’Île du docteur Moreau, de H.G. Wells. Et c’est la grande limite du roman de Côté.
On se souviendra que dans Le Parc jurassique, des experts secondés par des hommes d’affaires réussissent à recréer des dinosaures et utilisent leur découverte aux fins d’attraction touristique. Chez Wells qui, sous couvert d’anticipation, propose une réflexion sur l’éthique et la science, un scientifique et son assistant isolés sur une île déserte s’emploient à transformer des animaux en « hommes-bêtes » dotés de la parole et de la pensée.
Chez Denis Côté, la clientèle de touristes est remplacée par celle « des milliardaires en mal d’excentricités », à qui sont vendues des créatures inspirées des récits mythologiques et des légendes, et fabriquées en laboratoire – dans « la Matrice ». Tout comme le Dr Moreau, Merle, dans son île, procède à une pléthore de manipulations sur les animaux, mais il obéit à la cupidité seule, sans velléité aucune de contribuer à un quelconque progrès, et peu lui chaut de faire reculer les limites de la science.
À pratiques illégales, financement illégal : les coûts faramineux des travaux de Merle sont défrayés par la mafia internationale, rien de moins ! À ce danger que représentent les gangsters s’en ajoute un autre de taille. De fait, les animaux se sont évadés de leurs enclos pour vivre en liberté sur l’île, et si l’on considère que les monstres mythologiques sont rarement lumineux et solaires… Bref, de rudes épreuves attendent Maxime, à qui revient, entre autres travaux d’Hercule, celui de libérer Jo des griffes du dragon. Mais suivant la loi des séries romanesques, l’aventure se terminera bien, il va sans dire.
L’Île du savant fou est une histoire charmante, mais prévisible, même pour des pré-adolescents qui constituent le lectorat visé. Par ailleurs, l’influence de Crichton et de Wells agace un peu. Trop évidente ! Faute d’avoir pris suffisamment ses distances, Côté donne l’impression d’avoir produit une édulcoration de romans canoniques pour des lecteurs trop jeunes pour se frotter aux originaux. Au final, cette aventure du héros récurrent Maxime se révèle un exercice plutôt facile. Bien qu’elle se résume plus ou moins à un affrontement entre le dragon et le cheval ailé Pégase, l’utilisation des créatures mythologiques donne une couleur singulière au récit. Récit fort distrayant au demeurant mais, oui, facile. [FB]
- Source : L'ASFFQ 1996, Alire, p. 64-65.
Références
- Gagnon, Danielle, Lurelu, vol. 19, n˚ 3, p. 17.
- Tremblay, François, Voir (Québec), 06/12-03-1997, p. 29.