À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Sur notre rue, ils ont tout pris et ils nous ont enfermés dans des cages, impuissants, résignés. Certains ont été éliminés ; les autres, après un temps, ont été relâchés. C’est à notre tour d’arpenter une rue, et de tout prendre. Car nous sommes tous pareils.
Commentaires
Beau texte à l’imaginaire qui se mord la queue, « Ils étaient passés » me rappelle un texte de Jean-Paul Beaumier, « L’Air libre », qui, justement, était paru chez le même éditeur. En quelques mots, une société étrange nous est présentée de façon oblique, une société qui nous apparaît improbable et qui symbolise l’hypocrisie, l’aveuglement et le manque de fondement de toutes les sociétés totalitaristes.
Michel Dufour joue aussi sur les allusions dans ce texte, puisque presque jusqu’à la fin, le lecteur peut penser que le narrateur fait partie d’une race canine quelconque. Le processus décrit ne rappelle-t-il pas les célèbres tournées des fourrières ? Mais des indices, ici et là, et surtout le renversement final élimine rapidement cette possibilité de rationalisation bien que l’auteur, dans sa toute dernière phrase, vienne rappeler directement le parallèle en employant le mot « fourrière ».
J’avais déjà lu quelques textes épars de l’auteur, publiés l’an dernier dans quelques revues de nouvelles québécoises. Dans la multitude, le nom et la manière s’étaient éclipsés à mon souvenir. Circuit fermé annonce un talent intéressant qui aime fureter aux limites des genres. Bien qu’ils soient nombreux à emprunter cette voie actuellement, je pense qu’il faudra suivre l’évolution de Michel Dufour, ne serait-ce que pour son sens de l’élision. [JPw]
- Source : L'ASFFQ 1989, Le Passeur, p. 86.