À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Une femme raconte le rêve qu’elle fait constamment : elle se trouve devant une maison ancienne, y entre malgré sa répugnance pour découvrir toujours la même chambre dont le lit porte l’empreinte d’un corps. Toutes les pièces de la maison sont identiques, sauf une grande salle où son “secret” la guette, secret qu’elle n’arrive pas à déchiffrer. Un jour, elle se trouve véritablement devant cette maison et y pénètre pour vivre exactement son rêve.
Commentaires
Le thème du rêve récurrent qui se concrétise soudain n’est pas neuf mais il est si riche, il est doté de tant d’avenues différentes, qu’on ne peut reprocher à un auteur de manquer d’originalité en l’abordant. Myriam Lagacé met en place une intrigue à partir de ce rêve répété : quel est le “secret” qui guette la narratrice, tapi comme un animal au fond d’une pièce obscure ?
Cette question porte en elle tout l’intérêt de la nouvelle. Hélas, la réponse n’est pas à la hauteur de nos attentes puisque c’est la mort qui se saisit de la narratrice. Quelle fin sans saveur ! Au moment où l’auteure allait se “mouiller” un peu et nous révéler le fond de ses fantasmes, elle se débarrasse du lecteur par une pirouette, met brutalement fin à l’histoire en enfermant sa narratrice dans un cercueil. De ce "secret" enfoui qui s’est déplié pour bondir vers elle, de cette mort qui l’a attaquée tel un prédateur, la narratrice n’évoquera aucune image.
Le texte reste plat malgré les tentatives de l’auteure pour suggérer une boucle sans fin lorsque le cahier de la morte est retrouvé. La narratrice semble consciente dans son cercueil (qu’elle perçoit comme une “pièce” étroite), mais cette information n’ajoute rien à l’histoire, d’autant plus que le fait n’est pas rattaché au rêve, ce nœud de la nouvelle.
Quant au style, il est répétitif – en une page, on peut lire : « C’est curieux », « Ce qui est surprenant », « Pourtant » et « Ce qui semble absurde ». Des « yeux glauques de l’inexplicable » à « la peur innommable » qui noue l’estomac, le lecteur trébuche sur les adjectifs, victime de cette surabondance chère aux débutants. Je ne peux même pas conclure avec optimisme en évoquant le potentiel de l’auteure : elle devra d’abord apprendre à raconter une histoire. [FP]
- Source : L'ASFFQ 1988, Le Passeur, p. 87-88.