À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Maître Marcel Raymond, avocat aux prises avec des problèmes professionnels et familiaux, quitte son bureau durant la soirée, un revolver dans sa mallette. Il fait un détour par le bar et rentre tard, en taxi. Il a oublié ses clés et doit se glisser chez lui par un soupirail de la cave, ne voulant pas réveiller son épouse ou ses enfants ; il est en plus animé d’un désir de vengeance. Quelqu’un l’entend entrer, croit à une effraction et descend à la cave armé : c’est lui-même. Le double de Marcel Raymond meurt, tué par lui-même.
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Commentaires
Sur la citation de Camus , Péan a esquissé une histoire de double un peu confuse (délibérément ou non), ce qui n’est pas nécessairement une lacune. Diverses allusions, divers indices sont semés dans le récit : un reflet dans une vitre, le gardien de nuit persuadé que Marcel Raymond avait déjà quitté le bureau une première fois, un collègue qui ne semble pas voir Raymond (le double) tandis que d’autres (barman, chauffeur de taxi) interagissent avec lui et confirment donc son existence. Un phénomène inexpliqué s’oppose d’ailleurs à l’entrée du personnage chez lui et le laisse léthargique.
La confrontation a lieu : doit-on comprendre qu’une partie de Marcel Raymond meurt là, ou que le Marcel Raymond rentré chez lui le premier est le double, et que la confrontation leur est fatale à tous deux, concrétisant le suicide que cite Péan ? Dissection inutile : ici le doute règne, conforme aux canons du fantastique, un genre dont la thématique du double est l’une des deux principales, selon le théoricien Michel Lord.
Quant à l’écriture, il faut la reconnaître efficace, bien qu’encore entachée de quelques maladresses qu’une direction littéraire aurait dû filtrer – une phrase pas très heureuse ici, un mot mal choisi là, et cet accès de littérarité qui détonne dans le registre “p’tite vie” de la nouvelle (p. 52) : « Ces images s’entrechoquent en tintant dans le verre que le barman lui propose de remplir à nouveau des eaux claires de Nepenthès ». [DS]
- Source : L'ASFFQ 1987, Le Passeur, p. 128.