À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Vania ne veut plus aller au restaurant. La dernière fois, l’expérience a été plus que troublante. En compagnie du professeur Bernier à qui elle comptait bien demander de réajuster les notes du dernier travail, elle se retrouve au Valet de cœur. C’est là que tout commence à aller de travers, des étourderies absurdes de la serveuse aux étranges cris dans la cuisine. Et quand Bernier se fâche et disparaît dans la cuisine, quand cette bouillabaisse qu’elle avait commandée arrive enfin sans que Bernier ne daigne se montrer, elle prend ses jambes à son cou. Évidemment, on n’a jamais revu Bernier et elle n’a jamais retrouvé ce restaurant !
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Commentaires
Un drôle de texte de Stanley Péan où ce dernier s’amuse à retourner plusieurs clichés. Vania, la narratrice qui raconte l’histoire à un interlocuteur invisible, parle de Poe, rappelle que cette histoire est vraie même si c’est toujours ce qu’on dit dans les histoires fantastiques éculées, que peut-être qu’après tout, elle n’est plus si sûre, qu’elle se permet même de douter quelquefois, etc.
Et vogue la galère, avec cette histoire effectivement pas très originale sinon ces allusions et cette fin en queue de poisson : alors que tout amène le lecteur à croire que Vania va retrouver dans la bouillabaisse des morceaux de viande humaine, ceux de Bernier, entre autres, l’auteur fait dire à son personnage principal : « Ce qu’il y avait dans le bol de soupe ? De la bouillabaisse, quoi d’autre ! Un bouillon de morceaux de poisson marinés cuits dans du vin blanc, que croyais-tu… » Et l’astuce est là au complet, qui sous-tend le texte en entier : au-delà de la banale histoire de notes basses et de restaurant étrange, les descriptions de Bernier reprennent tout leur sens dans ces dernières lignes puisqu’on le décrit en ces termes, qu’il a ingurgité du vin blanc toute la soirée, que…
Cette hésitation finale, ce jeu visant à susciter chez le lecteur un malaise certain est-il vraiment réussi ? Pas à mon sens, bien que la nouvelle, en général, soit tout à fait lisible. La verve de Vania est en effet savoureuse, délurée, surtout au début. À la fin, le procédé vient enliser le tout et c’est dommage.
Mais l’effort est louable, n’en doutons pas. Après tout, à force de viser haut encore et encore, on développe sa force et son habileté et un jour, on s’aperçoit qu’effectivement, on "atteint" des sommets… insoupçonnés des autres ! [JPw]
- Source : L'ASFFQ 1989, Le Passeur, p. 149-150.