À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Un bonsaï raconte les bouleversements survenus dans la vie de Jeff, jardinier de son état. Depuis sa récente et douloureuse séparation, Jeff consacre beaucoup de temps à l’entretien du jardin botanique. Mais voilà que le jardinier délaisse de plus en plus les tâches qui lui sont assignées, pour se consacrer au bonsaï narrateur. L’arbre nain, mystérieusement introduit à la serre, est doté d’un pouvoir machiavélique. Aucune issue possible pour Jeff. L’emprise est totale.
Autres parutions
Commentaires
Ce n'est pas d’hier que l’être humain cherche à domestiquer la nature, à exercer sa domination sur ce qui l’entoure. Histoire de se grandir peut-être, ou de se rassurer… Comment expliquer, par exemple, cette pratique qui consiste à atrophier les racines d’un arbre, à ligaturer des rameaux pour façonner une miniature vivante, à l’image du paysage ? La culture du bonsaï est-elle plaisir purement esthétique ou sordide manifestation d’un désir de domination sur la nature ?
Michel Bélil propose, pour le numéro d’imagine… consacré au bonsaï, une nouvelle fantastique mettant en scène deux personnages : un jardinier, un bonsaï. La narration est donnée au bonsaï : il est le maître de jeu, le maître penseur, le maître des mots. C’est lui qui cisaille la phrase et l’image. L’arbre nain retourne ses cartes les unes après les autres, révélant progressivement au lecteur la stratégie diabolique.
Bélil traite avec originalité le thème du bonsaï : l’arbre aura le pouvoir d’atrophier et de ligaturer à sa guise la personnalité du jardinier. Les rôles se voient habilement inversés. Le jeu est intéressant, bien mené sur le plan narratif.
Enfin, précisons que le fantastique de Michel Bélil ne génère ici aucune angoisse, aucun tremblement. « Le Jardinier servant » suscite davantage le froncement de sourcils. Histoire de rappeler que la nature a le plus souvent le dernier mot. [RP]
- Source : L'ASFFQ 1992, Alire, p. 14-15.