À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Sylvie Després et Daniel Cantin se présentent à l’agence « Chantal Hypno-bonheur », elle pour trouver l’âme sœur, lui dans l’espoir de faire une conquête facile. Partant du principe : « C’est ce qu’on bâtit qui compte, les souvenirs qu’on se fait… ou les illusions », Chantal hypnotise ses clients pour connaître leurs plus secrets désirs, puis elle greffe de faux souvenirs au réel de manière à le modeler sur leurs rêves. Malgré l’incompatibilité de caractère et de goût de Sylvie et Daniel, la greffe réussit et dure six ans. Puis, peu à peu, les souvenirs s’estompent et le couple rompt.
Commentaires
Tout au long du récit, Sormany dénonce un phénomène très vingtième siècle : la manipulation et l’exploitation des gens assoiffés de bonheur par des individus sans scrupule. Ainsi, il n’existe aucune éthique professionnelle à l’agence « Chantal Hypno-bonheur », seule la réussite des greffes compte. La question de la morale est biffée ; après tout, six ans, c’est « remarquable pour une greffe aussi fragile ! » L’alternance des points de vue dans la narration met en relief le contraste entre le désespoir des amants et le cynisme des fabricants d’amour. C’est d’ailleurs la vision pessimiste et désabusée du sentiment amoureux qui domine le texte. La chute est prévisible et annoncée par les monologues intérieurs de Sylvie et de Daniel. Toutefois, le fait de prendre Chantal comme témoin de leur amour réciproque ne manque pas d’ironie et souligne davantage la vulnérabilité des personnes solitaires.
« Je me souviens très bien » est une histoire intéressante, écrite dans un style simple et qui laisse une étrange impression à la lecture. Peut-être parce que l’auteur a greffé son histoire sur le réel ? [HM]
- Source : L'ASFFQ 1989, Le Passeur, p. 205.