Résumé/Sommaire
Mary Jane vient d’être égorgée par Macbeth, alias le colonel Crisp, mais loin de mourir, voilà qu’elle aboutit dans un grand néant blanc où une vieille femme couverte de dessins, une blonde pulpeuse et une jeune fille s’adressent à elle. Elle est la Tempête, l’instruisent-elles, alors que la petite fille l’invite à tracer une illustration sur la vieille. Mary Jane se dessine mais, à la surprise des trois sœurs, elle se représente différente. Les trois sœurs la renvoient alors dans la réalité au moment où on lui tranche la gorge, mais cette réalité n’est plus la même : le roi Duncan fait irruption dans la salle de tortures alors que le corps de Mary Jane s’éclipse, puis réapparaît, différent, fort d’une puissance qui lui permet d’absorber littéralement l’énergie vitale du colonel Crisp et celle du manteau qu’il lui avait volé. Mary Jane fait ensuite face aux sbires de Macbeth mais leur chef, Kalix, s’enfuit chez son mystérieux maître, à qui il confirme la réalisation de sa prédiction. Quant à Mary Jane, de retour dans le grand néant blanc, elle n’y trouve pas les trois sœurs mais plutôt une porte sombre, qu’elle ouvre : une multitude de tentacules blancs l’assaillent alors et l’entraînent avec eux…
Commentaires
Le dix-neuvième épisode de la série du Trench marque un tournant important puisque le héros principal du feuilleton n’est plus le Trench, mais bien « La » Trench. De fait, on se rappellera que, dans l’épisode 16, nous avons eu droit à la mort du héros, puis, dans les deux suivants, à une aventure qui, comme son titre l’indiquait, tentait d’expliquer au lecteur ébaubi la boucle temporelle sans fin dans laquelle l’existence même du Trench était enfermée. Bref, cette série qui, dans la grande tradition du feuilleton, nous promet des aventures rocambolesques et, comme le dit le pléonasme, des rebondissements sans fin, repart de plus belle.
La plume brouillonne – mais alerte – de Bourguignon s’en donne donc à cœur joie et sert bien un imaginaire extrêmement fertile – ce lecteur-ci a particulièrement apprécié les passages mettant en scène les sœurs de la destinée, Salah, Woo et May. Ce n’est pas de la grande prose et l’urgence de dire et de raconter est certainement supérieure à celle de peaufiner, mais n’est-ce pas le propre de cette littérature dite de pulp ?
Autre détail à ne pas négliger et qui montre que Mathieu Daigneault, le maître d’œuvre du projet, connaît bien les ficelles de ce genre de série, c’est que le lecteur a toujours droit, juste avant que l’aventure ne commence, à un résumé en quelques points de l’épisode du mois précédent. Ce feuilleton que nous suivons depuis quelques années a beau être l’œuvre de plusieurs mains, ce résumé nous rappelle « avant tout » que ceci est un roman-fleuve, de ce genre de roman-fleuve qui, voici bien longtemps, tenait en haleine des milliers de lecteurs (au Québec, rappelons-nous le Domino noir ou IXE-13) et dont l’équivalent moderne est le feuilleton télévisé – et comment ne pas penser à ce grand feuilleton britannique de science-fiction que fut le Dr Who en lisant les aventures du Trench ?
Un leitmotiv apparaît toujours au haut des pages couvertures de la série : « Si vous pensiez que le pulp était mort… !!! ». Il annonce clairement les intentions des écrivains qui participent à l’aventure narrative du – ou plutôt des – Trench.
Pour les amateurs nostalgiques du genre, il est à espérer que La Trench aura un avenir tout aussi tumultueux que celui de son prédécesseur. [JPw]
- Source : L'ASFFQ 1999, Alire, p. 37-39.