À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Josip 67 est un enfant très intelligent dont les apprentissages dans le domaine scientifique épatent ses professeurs. Un jour, il écrit quelques lettres sur du papier avec un crayon en bois. On le conduit chez un psychiatre qui tente de comprendre ce comportement anormal. L’enfant rêve de revenir à une époque où l’être humain était en contact avec la nature. Josip 67 est alors soumis à un traitement qui efface de sa mémoire ce qu’il avait lu sur les temps anciens dans des livres datant du milieu du XXe siècle.
Commentaires
Yves Thériault a pratiqué tous les genres littéraires au fil de sa prolifique carrière. « Josip 67 » est son premier texte de science-fiction – les six autres, presque réalistes, étant regroupés dans le recueil Si la bombe m’était contée. L’amorce du récit emprunte la forme du conte, ce qui est un peu décevant. Cela démontre, à mon avis, que Thériault n’était pas à l’aise avec la science-fiction, la forme du conte autorisant en revanche des approximations, voire des invraisemblances.
Le début reflète le manque d’assurance de l’auteur. « Il y avait une fois un petit enfant qui vivait dans un pays grand comme la stratosphère. Chaque jour, il montait dans un avion à jet et parcourait de longues distances afin d’étudier l’effet des mésons sur les hautes couches de l’atmosphère. Il s’enfermait dans la fusée, et dans un grand vacarme il filait vers les nuages, là-haut, le ciel et les bombardements météoriques. Et avant de partir il devait sourire bravement à son professeur et aux autres élèves qui monteraient tout à l’heure à sa place. » Cette entrée en matière est pour le moins absconse et confuse et les termes utilisés (avion à jet, fusée) donnent un ton ringard au texte.
« Josip 67 » est un conte dystopique qui traite de la perte d’affectivité chez l’être humain – Josip pleure à quelques reprises, ce qui est vu comme un comportement anormal – et de contact avec la nature. Traitée sous le mode nostalgique ici, la nature est un thème majeur dans l’œuvre de Thériault. Quand l’enfant adopte des façons de faire anciennes (comme écrire à la main) ou rêve de pouvoir admirer la nature alors que le lecteur comprend qu’il n’y a plus d’arbres, de ruisseaux et de végétation, les figures d’autorité (le psychiatre, les policiers) s’empressent de traiter ce comportement qu’elles considèrent déviant et dangereux. Toutefois, l’exposition de la situation s’avère manichéenne et simpliste. À un passé idéalisé s’oppose un futur présentant une société très contrôlante et extrêmement codifiée. Cela se voit dans le nom de Josip, une réunion d’initiales correspondant à des données personnelles, et dans son numéro d’identification (432-X-654-9).
La finale laisse malgré tout poindre une lueur d’espoir, quoique aigre-douce. Après le traitement, Josip ne se souvient plus des temps anciens mais il n’a pas perdu la faculté de rêver « aux herbes humides et aux oiseaux qui chantent dans les bois ».
On ne retrouve pas dans ce texte l’aisance habituelle de l’auteur dans son écriture. Cela explique peut-être pourquoi « Josip 67 » n’a jamais été réédité dans un recueil, à ma connaissance. [CJ]