Résumé/Sommaire
Les contes de tradition orale composent un corpus particulier dans les genres de l’imaginaire. En plus d’avoir leurs propres codes, ils reposent sur une structure narrative qui fonctionne par accumulation d’événements improbables, voire invraisemblables. Le récit bifurque constamment, à la merci du conteur, dirait-on, qui semble s’en remettre à l’improvisation à partir de canevas éprouvés. Dans un tel contexte, résumer un conte n’est pas une sinécure. Si on impose rigoureusement une longueur maximale, on risque d’écarter des épisodes secondaires qui, bien souvent, distinguent les contes les uns des autres. Aussi les contes recueillis de la bouche même des conteurs font l’objet de résumés plus longs que ceux des nouvelles contemporaines dans le site.
[21 FY ; 2 FA ; 6 HG]
« Prince en nuit et bête féroce en jour »
La Belle-Jarretière-verte
Le Château de Félicité
Ti-Jean et le petit vacher
La Sirène
Prince-Joseph
Thomas-bon-chasseur
Le Médaillon
Le Château rond de la mer Rouge
Le Sabre magique
Les Trois frères et la Bête-à-sept-têtes
Le Conte de Fesse-ben
Le Coq, la poule et la vache
Le Petit Teigneux
Salade et Pommes d’or
Le Conte des rats
Le Coq et les rats
La Fable de l’ours et du renard
Jean-Cuit
Les Trois poils d’or
Le Grand Voleur de Paris
Frédérico va au ciel
Le Conte du vinaigrier
L’Évêque
Le Diable et la mariée
Les Aventures de Michel Morin
Jean Baribeau
Ventre de son ! (rengaine)
La Serviette magique
Commentaires
Tout comme le numéro 111 de The Journal of American Folk-Lore paru en 1916, Marius Barbeau réunit dans le présent numéro une série de contes (28 et une rengaine) recueillis auprès de six conteurs : Achille Fournier, Georges-Séraphin Pelletier, Narcisse Thiboutot, Paul Patry, Joseph Véronneau et madame Prudent Sioui (Marie Picard).
Dans sa préface, Barbeau prend ses distances de Louis Fréchette en affichant clairement la portée ethnologique de son travail. « Nous n’avons nulle part entendu ce langage artificiel et farci, mais comique et original, que Fréchette, LeMoine et leurs disciples mettent dans la bouche de leurs habitants. C’est là une création d’écrivain. » Voilà tracée la frontière entre l’ethnologie et la littérature. La position de Barbeau, défendable, ne va pas sans infliger au lecteur une certaine lourdeur, une redondance des formulations figées. Le « Il était une fois » est remplacé ici par « Une fois, il est bon de vous dire » et le conte se termine très souvent par « Et moi, ils m’ont renvoyé ici vous le raconter ». On comprend que la narration d’un conte s’apparente à un rituel, profane celui-ci en regard de la messe.
En ethnologue appliqué, Marius Barbeau utilise une méthodologie scientifique pour décortiquer les contes : recension des objets magiques, du nom des personnages, des protections surnaturelles, des pouvoirs et attributs des personnages, des animaux, etc. Tout cela fait ressortir des segments communs à plusieurs contes et des motifs récurrents. Deux contes qui se suivent au sommaire, « Le Conte des rats » et « Le Coq et les rats », se ressemblent d’ailleurs grandement.
Sauf pour le conte « Le Grand Voleur de Paris », on ne nomme jamais le pays où se déroulent les événements. Il semble donc que c’est la morale de ces récits – les traîtres sont châtiés, les bonnes âmes sont récompensées, la justice finit par triompher – qui séduit l’auditoire du conteur car le territoire évoqué est tellement peu représentatif de son environnement – on s’en tient à des lieux archétypaux tels que la forêt et la mer. [CJ]