À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Une fille bizarre, célibataire, qui plaît aux garçons, est visitée par des mains spectrales un brin langoureuses. Julie – c’est son nom – entretient une liaison fantasmatique avec son voisin de l’appartement 304. Celui-ci l’ignore, jusqu’à ce qu’elle le provoque dans le stationnement. L’homme en profite : il assomme la narratrice, et l’enferme pour morte dans un placard que l’on devine servant à cette unique fin.
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Commentaires
J’ai un profond respect pour l’œuvre de Claude Bolduc. Je me demande seulement si ce texte mineur vaut la peine d’être mentionné quand il est question de l’œuvre de celui-ci, tant « Julie » m’a laissé sur ma faim. On retrouve certes cette stylistique toute personnelle qui fait la marque de l’auteur, présente dans chacune des phrases et des réflexions du protagoniste, mais ici, la sauce ne prend pas. Les irrésolutions sont trop nombreuses et trop flagrantes pour satisfaire l’appétit ; en voulant par trop jouer la carte de la surprise et du questionnement à rebours, toutes ces sous-intrigues amorcées (que cache le congélateur de Julie ? Les mains spectrales, quelle en est l’origine ?) mais malheureusement incomplètes ne font que créer une impression d’inachèvement. Si c’était là le but de l’exercice, c’est fort réussi ; or, j’en doute.
La protagoniste elle-même ne suscite aucune réaction empathique chez le lecteur ; on en vient à souhaiter sa disparition, tant Julie paraît accessoire. On a la nette impression d’une sorte de collage entre deux nouvelles incomplètes sur des thèmes convenus – ce qui, en un sens, est certes un exercice de style intéressant, mais le résultat déçoit néanmoins.
À un récit fantastique érotique on greffe, de manière bien brutale et sans finesse, le récit d’un tueur en série tout ce qu’il y a de plus noir, au sens générique du terme – et c’est bien là le problème. Au lieu de se retrouver avec un bel hybride générique, on obtient plutôt un récit davantage proche du policier et de ses sous-genres plutôt que du fantastique, même sous ses inclinations les plus contemporaines, mais le tout sans nuances, et c’est bien dommage. [MRG]
- Source : L'ASFFQ 1996, Alire, p. 37-38.