À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Comme d’habitude, Klonk a une demande saugrenue pour son ami d’enfance Fred : serait-il prêt à se rendre au casino de Montréal dans le but d’y perdre dix mille dollars ? La surprise passée, Klonk s’explique : le casino est confronté à une série de vols mystérieux et la police, au courant de ses talents de détective, s’est adressée à lui pour résoudre l’énigme.
Au casino, Fred s’installe à la roulette, confiant de voir disparaître tous ses jetons. Contre toute logique, il gagne et se retrouve rapidement avec deux millions de dollars. Des policiers viennent aussitôt l’intercepter. Les limiers lui révèlent que c’est Klonk qui l’a fait gagner d’aussi loin que Québec grâce à ses pouvoirs télékinétiques. L’argent remis, Fred est escorté par deux voitures de police banalisées jusqu’à la maison de son ami.
Consternation à l’arrivée : les millions ont disparu. Seule une bande-vidéo filmée dans le stationnement du casino permet d’identifier le voleur. Il s’agit de Morley, maître de l’hypnose et des métamorphoses. Klonk n’est pas étonné. Un cauchemar l’avait averti de la présence de son ennemi juré. Son rêve se terminait avec une vision de casinos dans le désert. Klonk ira avec Fred confronter Morley à Las Vegas.
Une fois au Nevada, les deux amis s’installent au Golden Pirate, l’hôtel que Klonk a vu dans son rêve. Un casino trouvé, ils jouent. Mais quand Fred fixe trop longtemps la roulette, il s’évanouit. Son réveil le trouve plongé dans la pénombre d’un souterrain moyenâgeux. Il marche jusqu’à atteindre une salle éclairée. Emprisonné dans une cage de verre, Klonk est soumis à la torture de Morley. Mais la voix de Karine, l’épouse de Klonk, retentit pour intervenir en sa faveur. Jaloux, Morley pleure et se noie dans ses larmes. De retour dans leur chambre d’hôtel, Klonk révèle à Fred que c’est lui qui imitait la voix de Karine. L’histoire se termine à Québec par un barbecue et une partie de scrabble.
Commentaires
Klonk et le treize noir contient tous les éléments qui ont fait le charme et la popularité de cette série écrite par François Gravel : humour, aventures, mystères et situations biscornues aptes à dérouter le jeune lecteur. L’auteur profite de l’occasion pour jeter un regard caustique sur le monde des casinos mais sans forcer la note. Tout en dénonçant la pitoyable crédulité des gens qui pensent s’enrichir par le jeu, François Gravel sait garder le cap sur l’histoire et sa destination première : l’enquête à résoudre.
Dans Klonk, le premier livre qui ouvrait la série, l’écrivain évoquait son enfance et le pouvoir mystérieux de certains livres. Hommage à peine déguisé à Sherlock Holmes, le livre portait en sous-titre « ou comment faire disparaître les adolescents ». C’est dans un jeu constant entre ce qui est vu et ce qui est invisible et l’exploration de ses nombreuses variantes (apparition et disparition) qu’opèrent le plus souvent les romans de la série. Ainsi Klonk et le treize noir met en scène une suite de savants escamotages où le regard est constamment sollicité : argent gagné puis dérobé, bandit qui hypnotise ses victimes pour mieux effacer leurs souvenirs, passage du monde réel à un autre de pure illusion.
Quand Morley exhibe un œil vivant dans sa main, il affirme ainsi son contrôle sur les apparences. La stratégie de Klonk consistera à introduire la lumière là où son adversaire a placé le flou et l’incertitude. Si le détective utilise une ruse pour vaincre son ennemi, il faut surtout noter que l’arme utilisée ici est la parole. Tout se jouera alors autour de ce fait incontournable : Karine aime son mari. Confronté à la vérité, Morley ne peut que fuir, vaincu par le poids de ses propres mensonges.
Cette quête du vrai muée en enquête policière, François Gravel la rend jouissive par le biais du tandem Klonk et Fred. La banalité de l’un fait ressortir l’extravagance de l’autre selon une formule éprouvée du comique qui consiste à réunir deux individus de nature opposée. Mais cette fois-ci, Fred aura le mot de la fin. Au dernier chapitre, une partie de scrabble servira à analyser les notions de vrai et de faux, de vérité et de mensonge. Permutation sur les mots et les lettres qui permettra à Fred d’affirmer : « Il n’y a pas que Klonk qui soit capable de tricher ! » Ambiguïté des notions de Bien et de Mal qui ne prend son sens que dans la paix retrouvée, le sommeil qui gagne les personnages une fois la tempête calmée. Qui a dit qu’un roman jeunesse ne pouvait être profond ? [ML]
- Source : L'ASFFQ 1999, Alire, p. 79-81.
Références
- Anonyme, Lettres québécoises 96, p. 47.
- Bourget, Édith, Lurelu, vol. 22, n˚ 2, p. 37.
- Desroches, Gisèle, Le Devoir, 26/27-06-1999, p. D 6.