À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Un écrivain tente de cerner le personnage de son histoire. Celui-ci, fonctionnaire dans la quarantaine, songe d’abord à se suicider. Ensuite, il décide de tout quitter en laissant derrière lui un tableau représentant un Amérindien dans la neige. Il descend dans la rue et suit la cohue dans le métro. Dans la rame, il rêve qu’il est l’Amérindien chassant dans la plaine hivernale. Il entend des hurlements de loups.
Le mouvement de la foule le fait sortir du métro et il arpente la rue. Attiré de l’autre côté par les vitrines, il tombe dans une bouche d’égout ouverte. Un pompier le sort lentement du trou et deux ambulanciers l’emmènent à l’urgence. Le personnage croit qu’il est un acteur qui a fait une cascade. Soudain, il se sent gelé par la neige. Le son de la sirène de l’ambulance se confond avec les hurlements de la meute de loups. Il perçoit leur rapprochement et tente de leur échapper, mais une voix lui indique de se calmer. Pendant que la civière traverse les corridors de l’hôpital, il se sent perdu dans ce labyrinthe blanc.
Étourdi, il ouvre les yeux et se retrouve devant ses pages couvertes de ratures. L’écrivain sent que le texte se met en place et qu’il va passer une autre nuit blanche.
Commentaires
Tout comme dans « Continuité des parcs » de Julio Cortázar, Nantel joue sur le flou autour des personnages. En effet, l’écrivain se confond avec son personnage et un indice est d’ailleurs donné au quatrième paragraphe : « Avant de partir, [le personnage] allait se regarder dans la glace ; oui, mais comment ? […] L’auteur se dirigea vers la glace afin de procéder à l’exercice. » Ainsi, on se retrouve avec trois histoires emboîtées : celle de l’écrivain cherchant à comprendre son personnage ; le personnage qui décroche et tombe dans le puisard ; le chasseur amérindien poursuivi par la meute de loups. Il s’agit ici du même personnage qui, par l’imagination, passe successivement d’une histoire à l’autre en changeant de personnalité. Elles forment une boucle et ramènent le lecteur au point de départ.
Ce texte ferait un excellent sujet d’études pour le point de vue narratif : le lecteur entre dans la pensée de l’écrivain qui pense à un personnage qui, lui-même, rêve à un Amérindien. L’auteure arrive à nous faire suivre les différentes « pistes », en bon « lecteur », sans trop créer de confusion, puisque les situations et les lieux fort diversifiés peuvent être démêlés aisément. Nantel en profite à l’occasion pour jouer sur les doubles sens, comme le titre lui-même s’y prête. L’écriture y est efficace. [AL]
- Source : L'ASFFQ 1999, Alire, p. 128-129.