À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Un pays sans nom a perdu sa Reine et il est tombé sous la coupe d’un Prince, qui est peut-être le Diable, secondé d’un Grand Inquisiteur, de Guerriers-Dragons qui soufflent le feu et de terrifiants Soldats-Serpents. Le Prince interdit la lecture et l’écriture. Du haut de son Château Suspendu, il retient des nuages sombres qui cachent le soleil.
Barnabé est le fils métis d’un père noir et d’une mère à la peau douce et blanche. Le jour de ses douze ans, il réclame à ses parents l’histoire de la Reine disparue. Son père entreprend de l’écrire sur un Parchemin qui détient le pouvoir de réaliser ce qui est ainsi rédigé. Dès ce moment, tous les personnages du roman doivent agir conformément au récit. Le Prince emprisonne sans tarder les parents de Barnabé, mais ce dernier est encore libre parce qu’il a échappé à l’incendie qui a détruit la maison de ses parents.
En compagnie de son meilleur ami, Ti-Bo, Barnabé entreprend de gagner le Château Suspendu avec le Parchemin magique qu’il doit faire lire au Diable. En chemin, il découvre que les embûches qui protègent le Château naissent de la peur éprouvée par les voyageurs. De même, l’immensité de la Montagne de Verre est une illusion, car les pensées du Diable qui la constituent ne renferment qu’un grand vide.
Pendant ce temps, la sœur aînée de Ti-Bo, Hélène, a été arrêtée et amenée au Château parce que le Diable croit qu’elle pourrait être la Reine disparue. En fait, la Reine disparue n’est autre que la mère de Barnabé, lequel parvient enfin à pénétrer dans le Château qui est tombé du ciel. Tandis que les nombreux prisonniers du Prince quittent leurs cachots, Barnabé et Ti-Bo rejoignent Hélène dans la salle du trône. Le Prince arrache le Parchemin à Barnabé, mais celui-ci prononce les mots nécessaires pour abuser le Diable et le convaincre de commencer à lire l’histoire du Parchemin. C’est la lecture du Diable, qui se conclura avec son retour en enfer, tandis que les parents de Barnabé arrivent pour annoncer le retour de la Reine du pays et l’accession d’un nouveau prince : Barnabé en personne.
Commentaires
Cantin signe un conte imaginé et narré selon les meilleures règles de l’art. La langue est simple et pure, sans aucune rupture de ton, les protagonistes sont bons et beaux, les méchants sont (savoureusement) vils et les rebondissements de l’intrigue s’enchaînent inexorablement afin que les méchants soient punis et les bons récompensés. Le tout plaira aux lecteurs de tous âges.
Le lecteur averti sentira parfois l’influence possible du roman ou du film The Princess Bride (1987), mais Cantin a fait œuvre originale. En imputant l’essentiel de l’histoire au Parchemin magique qui s’est emparé de la main de Jean-Baptiste, le père de Barnabé, pour écrire à sa place, l’auteur s’est donné la permission d’accumuler tous les clichés. Pourtant, il n’a pas abusé de cette licence, car il évite les redites. L’inventivité de l’écrivain en est d’autant plus louable puisqu’il aurait pu faire admettre du lecteur des ficelles déjà vues mille fois.
De même, le caractère prédestiné de chaque fait, chaque geste et chaque parole des personnages aurait pu justifier des exploits improbables, mais le jeune héros demeure aussi impulsif qu’on peut l’être à son âge. Seuls les adultes profitent pleinement de la prescience dont ils bénéficient en connaissance de cause, sans doute parce qu’elle correspond à la prévoyance propre à la maturité.
Dans un tel conte, l’avantage du caractère inéluctable de chaque péripétie, c’est aussi de rassurer les lecteurs que tout sera bien qui finira bien. Ce que le récit perd en suspense, il gagne en plaisir de lecture puisque chaque danger surmonté n’est qu’une acrobatie réussie. Grâce au Parchemin, il y a toujours un filet.
En fin de compte, c’est l’ingéniosité de Cantin qu’il faut applaudir. Comme le procédé ne saurait être répété indéfiniment, l’auteur se devait d’en tirer tout le jus possible pour ne pas gaspiller l’idée en l’exploitant à moitié. Or, dans La Lecture du Diable, c’est ce que Cantin a fait, et de brillante manière. [JLT]
- Source : L'ASFFQ 1994, Alire, p. 35-36.
Références
- Anctil, Mélissa, imagine… 77, p. 99.
- Guéricolas, Pascale, Contact, hiver 1995, p. 23.
- Meynard, Yves, Lurelu, vol. 18, n˚ 1, p. 31.
- Sarfati, Sonia, La Presse, 05-03-1995, p. B6.