À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Le Laird d’Inverawe, Duncan Campbell, héberge un montagnard du voisinage qui prétend avoir été attaqué par des brigands. À peine l’a-t-il caché qu’un groupe de montagnards se présente au château, à la recherche de Stuart of Appin qui vient d’assassiner le cousin de Campbell. Ayant juré plus tôt de ne pas le trahir, il honore son serment. Cependant, au cours de la nuit, le spectre de Donald lui apparaît et réclame vengeance. Duncan ne veut pas manquer à sa parole et organise la fuite de l’assassin. Le spectre réapparaît et donne un rendez-vous sibyllin au Laird à Ticondéroga. Quelques années plus tard, le régiment des Highlanders de Campbell est appelé à combattre en Amérique. En apprenant qu’il doit marcher sur Ticondéroga, Campbell sait que sa dernière heure est venue.
Commentaires
L’abbé Casgrain est celui-là même qui a réédité le roman de Philippe Aubert de Gaspé fils, L’Influence d’un livre, en apportant de nombreuses corrections et en lui donnant un autre titre : Le Chercheur de trésors. Mais l’abbé Casgrain a aussi écrit quelques textes, dont cette « Légende de Ticondéroga ».
Cette histoire de prémonition et de spectre a cette particularité de débuter sur le vieux continent (l’Écosse) et de se terminer sur le continent américain. Même s’il est peu développé, le récit rappelle, par son inspiration, l’univers de Shakespeare. Le cadre géographique, le spectre du cousin qui crie vengeance, le code d’honneur de Duncan qui lui commande de respecter sa parole, voilà autant de motifs qu’on retrouve dans les grandes tragédies de Shakespeare, et particulièrement dans Macbeth.
L’écriture est cependant fort différente, celle de l’abbé Casgrain n’atteignant pas la dimension universelle de celle du dramaturge anglais. Elle se veut la plus factuelle possible, journalistique pourrait-on dire, l’auteur s’interdisant toute envolée lyrique ou toute considération personnelle en collant de très près à l’anecdote.
Il est évident que l’abbé Casgrain a potassé ses classiques car sa « Légende de Ticondéroga » (nom amérindien de Carillon qui figure en sous-titre ?) pose aussi à son personnage principal un dilemme cornélien : doit-il respecter sa parole ou venger la mort de son cousin ? La justice humaine a-t-elle priorité sur l’honneur personnel ? On conçoit très bien qu’un homme d’Église ait été attiré par un cas de conscience moral qui oppose les règles sociales à l’éthique personnelle. Duncan Campbell assume son choix même si, en définitive, l’auteur ne semble pas lui donner raison. [CJ]
- Source : Le XIXe siècle fantastique en Amérique française, Alire, p. 45-46.