À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
L’Indien Tchekaposh raconte ce qui est arrivé au grand chasseur blanc Gédéon qui a enfreint le premier commandement du chasseur indien. Après avoir tué une bande complète de cerfs sans nécessité, pour démontrer simplement son habileté, Gédéon a dû subir la malédiction du grand Esprit. Pendant un temps qui lui a semblé une éternité, il a été retenu dans une lande désolée, sans aucune trace de vie, où lui apparaissait chaque soir le spectre du chef du troupeau qu’il avait abattu.
Commentaires
Gabrielle Roy commentée dans les pages de L’Année… ? Qui l’aurait cru ? Pourtant, « La Légende du cerf ancien » est bien un texte fantastique, inédit par surcroît. Dans sa présentation, François Ricard, responsable de la gestion de l’œuvre de Gabrielle Roy, mentionne que ce texte a été écrit en 1937 ou 1938 et qu’il constitue une œuvre de jeunesse « où abondent les maladresses et les naïvetés de toutes sortes ».
La forme du récit n’innove en effet aucunement, qui se situe dans la tradition québécoise du XIXe siècle. Toutefois, sur le plan du contenu, si le texte comporte une morale, celle-ci n’est pas tributaire de la mentalité religieuse de l’époque. Elle serait plutôt d’inspiration écologique avant la lettre en raison de l’influence des valeurs culturelles transmises par la figure de l’Amérindien – ne pas tuer le gibier sans nécessité vitale, pour le simple plaisir ou par orgueil. Néanmoins, les valeurs chrétiennes continuent d’habiter l’imaginaire de l’auteure car le salut de Gédéon sera possible quand il s’apitoiera sur la souffrance de la bête qui le visite chaque soir.
Gabrielle Roy demeure pour moi un écrivain très important dont j’ai pris grand plaisir à lire plusieurs livres il y a une vingtaine d’années. « La Légende du cerf ancien », dont l’action est située dans la région du lac Poule d’Eau, annonce La Montagne secrète, La Petite Poule d’Eau et toutes ces nouvelles qui ont pour cadre une nature sauvage, âpre et magnifique qui agit souvent comme un révélateur dans l’existence du personnage principal.
Ce texte nous enseigne au moins une chose : même les grands écrivains ont commencé modestement. Quant à ceux qui sont familiers de l’œuvre de Gabrielle Roy, ils ne pourront s’empêcher d’éprouver un peu de nostalgie. [CJ]
- Source : L'ASFFQ 1992, Alire, p. 290-291.