À propos de cette édition

Éditeur
GID
Genre
Hybride
Longueur
Recueil
Format
Livre
Pagination
72
Lieu
Québec
Date de parution
15 avril 2018
ISBN
9782896343706
Support
Papier

Résumé/Sommaire

[6 FA ; 8 HG]
Mékinac
La Montagne de l’Oiseau
Le Beuglard
Les Mystères du lac Mékinac
Les Jumeaux et le serpent
Ti-Louis Descôteaux
Les Divins Pouvoirs du curé Lavergne
Le Fantôme de la gare
Le Lac du rang de la Rivière
Le Windigo des campagnes
Le Châtiment de l’orgueilleux
La Sorcière de Doheny
Rumpet

L'Affaire Sougraine

Commentaires

Des anthologies de contes et légendes des différentes régions du Québec ont été publiées depuis le milieu des années 2000. Les Éditions Trois-Pistoles, entre autres, ont fait un travail remarquable pour mettre en valeur le patrimoine littéraire régional du Québec avec la série Contes, légendes et récits. Une anthologie de la Mauricie reste cependant à faire.

Pierre-Luc Brillant a plutôt choisi, avec son recueil Légendes mékinacoises, de se concentrer sur une partie du territoire mauricien, soit le canton de Mékinac qui s’étend à quelque 35 km au nord de Grand-Mère et la MRC de Mékinac qui compte dix municipalités. Le terrain de jeu de l’auteur est forcément réduit, ce qui se reflète dans une table des matières peu garnie avec seulement treize courts textes. 

Et encore, on a l’impression que Baril grapille tout ce qui, de près ou de loin, a un lien ténu avec Mékinac pour démontrer que cette sous-région n’est pas en reste en ce qui a trait à l’imaginaire collectif. La présence au sommaire d’un texte comme « L’Affaire Sougraine » dans lequel l’auteur résume le roman du même nom de Pamphile LeMay conforte cette impression. En fait, au-delà du nom des villages auxquels sont associés les différents récits, on ne peut pas dire que ces légendes sont propres au territoire de Mékinac.

Force est de constater aussi que Pierre-Luc Baril n’est pas un conteur, mais plutôt un compétent compilateur de rumeurs et de ouï-dire. Son travail tient davantage de l’ethnologue que du conteur. Ses textes ne sont pas organisés en fonction d’une montée dramatique que permettait le sujet. La plupart du temps, le narrateur rapporte les faits par l’entremise de rumeurs qu’il a entendues. Étant celui qui recueille les témoignages, il n’est pas impliqué directement dans l’histoire qu’il répercute.

Ainsi, dans « Le Windigo des campagnes », Baril dresse un petit inventaire des manifestations du windigo afin d’esquisser sa nature mais il ne se dégage de ce récit aucune ligne dramatique. C’est de la même carence dont souffre « La Sorcière de Doheny » : quelques anecdotes expédiées en un paragraphe ou deux, un sentiment d’éparpillement, une absence de suspense. L’auteur aurait eu intérêt à faire le tri de ses différentes informations sur le phénomène qu’il veut mettre en lumière et à choisir une anecdote pour l’étoffer.

C’est ce qu’il fait avec bonheur dans « Le Châtiment de l’orgueilleux ». Il ne se perd pas dans des considérations oiseuses ; il expose le litige qui divise le village et la conclusion de l’affaire en se penchant sur le sort du chef de file du camp des perdants. Le texte s’en tient à une ligne narrative et propose une leçon de morale sur l’orgueil tout en étant original. On aurait voulu voir cela plus souvent dans le recueil car la variété des sujets (cosmogonie amérindienne, homme fort légendaire, créature fantastique, coïncidence troublante) constitue un atout appréciable. 

Par ailleurs, on ne peut pas dire que la présentation en quelques lignes des divers récits brille par son originalité. À titre d’exemple, voici la présentation du « Lac du rang de la Rivière » : « Qu’on le nomme Grand, Quatrième, du Nord, aucun patelin québécois n’est complet sans quelques rangs pour découper ses campagnes. Saint-Séverin-de-Proulxville n’y fait pas exception. Cependant, il ne faut pas se laisser berner : certains rangs cachent bien plus que des fermes et des installations agricoles. » Outre le peu d’intérêt que soulève cette mise en bouche, remarquez la construction grammaticale fautive de la première phrase. Ce n’est pas au patelin que s’appliquent les termes Grand, Quatrième ou du Nord, mais à un rang…

En définitive, ce qui agace l’amateur de fantastique que je suis dans Légendes mékinacoises, c’est l’hésitation (il semble que…, on raconte que) du narrateur, son indécision à embrasser franchement le fantastique, bien plus que la minceur du corpus et sa relative nouveauté. En matière d’originalité et d’audace, je préfère de loin le recueil de Mathieu Fortin, Enraciné (2012), dont le projet de départ s’apparente à celui de Pierre-Luc Baril puisqu’il met en scène chacune des municipalités de la MRC de Nicolet-Yamaska. Mais il y a surtout un créateur de récits fantastiques, un écrivain à l’œuvre, ici… [CJ]

Références

  • Gilbert, Harold, Les Libraires 108, p. 12.