À propos de cette édition

Éditeur
L'instant même
Genre
Hybride
Longueur
Recueil
Format
Livre
Pagination
124
Lieu
Québec
Année de parution
1991
Support
Papier

Résumé/Sommaire

[3 FA ; 1 SF ; 1 HG]
Le Lever du corps
Le Balai
Améritanie
La Solution
Le Retour de Françoise

Commentaires

S’il est un livre de la production de cette année qui mériterait de se voir classé sous la rubrique des « livres qu’on ne sait trop comment aborder », c’est bien Le Lever du corps de Jean Pelchat. Qu’on ne m’en veuille pas si je m’attarde un instant à la nature formelle de cet ouvrage hautement formaliste. S’agit-il d’un roman morcelé ou d’une suite de nouvelles ? Certains extraits, en tout cas, sont assez indépendants du tout pour avoir supporté la publication dans certaines revues (Esse, Solaris, Stop). Et que dire du genre : fantastique, surréalisme, hyperréalisme ou onirisme ? Bien futé celui qui saurait trancher ; je me bornerai à remarquer pour illustrer cette difficulté de classification que lors de sa publication initiale dans les pages de Stop en 1986, l’extrait intitulé « Améritanie » n’avait pas été recensé en ces pages…

Bien sûr, de telles considérations théoriques ne sont nullement indispensables à l’appréciation d’une œuvre littéraire… Mais voilà, l’œuvre de Pelchat semble obliger une telle analyse, de par son caractère expérimental. Par certains aspects, Le Lever du corps évoque le travail de Robbe-Grillet, de Butor et autres praticiens du Nouveau Roman : le souci du détail, l’insistance sur la description, le refus de l’intrigue au sens traditionnel, l’absence de personnages clairement définis, la prédilection pour les effets de miroir, mises en abyme et autres artifices littéraires de l’esthétique postmoderne. On ajoutera à cette liste d’attributs la dimension palimpsestique de l’écriture, particulièrement évidente dans les passages où l’auteur imite / parodie l’incipit de L’Étranger de Camus. De ce travail laborieux résulte une œuvre admirablement bien construite et réalisée, mais aride et un tantinet hermétique, dont le but et le propos ne semblent connus que de l’auteur.

Ce qui ne veut pas dire que le livre est dénué d’intérêt, loin de là. Par son élégance et sa simplicité, par son apparente limpidité et par l’humour qui l’habite, l’écriture de Pelchat a de quoi forcer l’admiration, d’autant plus qu’elle nous apparaît en contrepoint de la réflexion qui sous-tend cette fiction postmoderne. On le constatera aux tentatives de résumé qui suivent, l’intrigue constitue sans aucun doute le cadet des soucis de Pelchat. En définitive, à l’instar du recueil de Bourneuf que j’ai commenté dans ces pages l’an dernier (Mémoires du demi-jour, également publié chez L’instant même), l’amateur d’atmosphère trouvera davantage son compte que le lecteur qui aime les histoires solidement ficelées, les personnages qui retiennent l’attention par leur audace et leur véridicité. Comme Bourneuf, Jean Pelchat semble privilégier la création de belles formes cristallines dans leur énonciation mais rendues obscures par leur abstraction, une esthétique froide, détachée de toute émotion et qui, conséquemment, n’en sollicite pas beaucoup. [SP]

  • Source : L'ASFFQ 1991, Le Passeur, p. 128-130.

Références

  • Cornellier, Louis, Le Devoir, 30-11-1991, p. D 3.
  • Gervais, Jean-Philippe, Solaris 103, p. 38.
  • Thisdale, Martin, XYZ 31, p. 96-97.